Le monde entier a les yeux rivés sur Soweto, en ce mercredi 10 décembre. C'est au Soccer Stadium qu'un immense hommage planétaire a en effet été rendu vers 11h à Nelson Mandela, décédé quelques jours plus tôt à 95 ans, par une centaine de chefs d'État réunis autour de ses proches et de ses amis. Barack Obama ou encore François Hollande, venu avec un invité spécial en la personne de Nicolas Sarkozy, étaient ainsi bien là pour célébrer Madiba.
Une poignée de main historique
Combattant pour la paix et l'unité entre les peuples de son vivant, Nelson Mandela aurait certainement apprécié cet hommage et tout particulièrement certaines scènes. Car à Soweto, la cérémonie a réuni des frères ennemis le temps d'une journée, comme Cuba et les États-Unis, dont les deux présidents respectifs Raul Castro et Barack Obama ont échangé une poignée de main surprise mais surtout historique dans la tribune officielle - à l'initiative de l'Américain - une première depuis 1959. Venu avec la belle Michelle, le président américain a prononcé un discours qui a provoqué une vive émotion devant 80 000 spectateurs et les télévisions du monde entier. "Il est difficile de faire l'éloge d'un homme... encore plus difficile de faire celle d'un géant de l'Histoire, qui a conduit une nation vers la justice", a ajouté Barack Obama, longuement acclamé par la foule, sous les yeux d'autres grands de ce monde comme David Cameron, Bill Clinton, Tony Blair, George W. Bush, ou encore Kofi Annan. Mais aussi quelques people comme Bono, Charlize Theron, Naomi Campbell ou encore Andrew Mlangeni, codétenu de Madiba sur Robben Island pendant l'Apartheid et sa veuve Graça Machel.
Les retrouvailles entre François Hollande et Nicolas Sarkozy
La cérémonie a également donné lieu aux retrouvailles entre François Hollande et son prédécesseur Nicolas Sarkozy. S'ils n'ont pas voyagé dans le même avion - officiellement pour raisons économiques -, les deux hommes étaient bien côte à côte dans la tribune officielle, où ils ont été vus en train d'échanger très cordialement et chaleureusement. L'ambiance s'est donc visiblement clairement détendue entre les deux, après une passation de pouvoir plutôt glaciale à l'Élysée en 2012. Si l'époux de Carla Bruni-Sarkozy, dont on annonce le retour toujours avec un peu plus d'insistance, était accompagné que de quelques amis, le président était avec sa compagne Valérie Trierweiler, sous un élégant chapeau noir, du ministre des Affaires étrangères et de la Justice, Laurent Fabius, et Christiane Taubira, ainsi que l'ex-numéro un du PCF Robert Hue, président du groupe interparlementaire d'amitié France-Afrique du Sud.
Jacob Zuma sous la pluie... et les sifflets
Très festive, la cérémonie a toutefois été retardée par la pluie. C'est sous des trombes d'eau que le président controversé Jacob Zuma - il est accusé d'avoir détourné des fonds publics - qui avait annoncé la mort de Nelson Mandela à la télé, a prononcé un discours final. Il s'est également exprimé sous les sifflets d'une foule plutôt indisciplinée et agitée - dont les chants festifs ont animé la cérémonie - et qui a petit à petit quitté le stade à ce moment-là. Baleka Mbete, coordinatrice de l'ANC (le parti au pouvoir), avait notamment fait chanter le stade sur l'air de Tata Madiba "Ake Kho a fana naje" ("Il n'y en a pas un autre comme toi" en xhosa et zoulou).
Un hommage planétaire qui a en tout cas visiblement plu à la famille de Nelson Mandela, selon son porte-parle. "Je suis sûr que Mandela doit sourire là-haut", a ainsi déclaré le général Thanduxolo Mandela. À partir de mercredi, la dépouille du héros national sera exposée pendant trois jours au siège du gouvernement à Pretoria, des processions étant prévues chaque matin dans les rues de la capitale. Elle sera ensuite transférée samedi vers le petit village de Qunu, dans le Sud-Est rural du pays, la terre des ancêtres xhosas de Mandela. C'est là que Madiba sera enterré dimanche, aux côtés de ses parents et de trois de ses enfants, lors d'une cérémonie traditionnelle, mêlant le culte chrétien et le rite xhosa.