Rentrée universitaire oblige, la reine Rania de Jordanie doit se résoudre à voir ses deux grands enfants quitter le nid pour de longs mois afin de poursuivre leurs études supérieures à Georgetown, à Washington. Le prince Hussein, digne héritier des valeurs de tolérance et de générosité prônées par le couple royal, et la princesse Iman, qui commence à se faire remarquer dans le sillage de sa mère, partis, elle n'en aura que plus de temps pour leur montrer l'exemple, un exemple aux yeux de tous...
Dévouée de longue date à bâtir un monde meilleur, l'épouse du roi Abdullah II de Jordanie et mère de quatre enfants a vu ses efforts en faveur de la paix au Moyen-Orient publiquement récompensés jeudi dernier (17 septembre 2015) lors d'une cérémonie organisée à Berlin, au cours de laquelle elle s'est vu remettre par la chancelière Angela Merkel le prix Walther Rathenau, du nom de l'industriel et homme politique allemand assassiné en 1922. Une distinction octroyée depuis 2008 à des acteurs majeurs du dialogue international. Devant une assemblée de quelque 400 personnalités influentes réunies à l'Office des affaires étrangères dans la capitale allemande, elle a, comme à chaque fois que son travail philanthropique a été honoré, souhaité en partager les fruits et préféré regarder vers l'avenir plutôt que de se satisfaire de ce qui a été déjà accompli : "Je suis très honorée d'accepter ce prix. Et je l'accepte au nom des gens de Jordanie, qui, chaque jour, par leurs paroles et leurs actes, incarnent les valeurs qui ont défini la vie de Walter Rathenau. Des valeurs telles que le courage, la compassion, l'équité, la compréhension, la tolérance et le respect mutuel. Autrement dit, les bases morales de l'humanité."
Cette cérémonie offrait à Rania une nouvelle tribune, après son intervention en France le mois dernier en ouverture de l'université d'été du Medef et son interview accordée ce mois-ci à la journaliste de CNN Becky Anderson dans l'émission Connect the World, pour aborder la question des réfugiés syriens, au coeur de ses préoccupations, et de leur accueil, notamment en Europe. Rappelant l'effort fait par son pays comme terre d'asile pour ses voisins du nord -la Jordanie a déjà recueilli près d'1,4 million de Syriens fuyant la guerre, soit près de 20% de la population -, la reine jordanienne a commencé par saluer l'hospitalité allemande et par dépeindre l'état de détresse dans lequel se trouvent les réfugiés, entre épuisement, anxiété et désorientation. Elle a surtout appelé à ne pas se limiter aux conditions minimales d'hospitalité pour ces populations orphelines de leur patrie, notant qu'au-delà de l'asile politique et de l'accès aux soins et à l'éducation, les actes individuels de générosité font la différence. A cet égard, elle a rendu hommage à ses compatriotes, et ce "en dépit de la pauvreté et du chômage qui plombent" le pays : "Nous faisons du mieux que nous pouvons avec ce que nous avons. Et je ne pourrais pas être plus fière de l'altruisme et de la bienveillance des Jordaniens", a-t-elle ainsi déclaré, avançant la notion d'une "famille globale" dont la valeur la plus intangible doit être la compassion. Elle en a également profité pour fustiger les énergies négatives et la collusion des termes "migrant" et "réfugié", rappelant comment le second, "sous l'égide des lois internationales, donne droit à la protection et l'asile, à la justice et la dignité".
Enjoignant l'Europe à ne pas céder à "la peur de l'inconnu" dans la résolution de cette "crise d'une exceptionnelle magnitude" et à faire preuve de "créativité" pour apporter les "solutions exceptionnelles" qu'elle requiert, Rania de Jordanie a une fois de plus mérité le titre de "bâtisseuse de ponts" que lui a décerné Angela Merkel en lui remettant le prix Walter-Rathenau.
La femme du roi Abdullah II, figure de proue de l'engagement en faveur de l'éducation, de la protection de l'enfance ou encore de la condition féminine, n'a pas fait le déplacement depuis Amman pour rien : à Berlin, elle a en effet pu s'entretenir avec le ministre allemand de la Coopération économique et du Développement, Gerd Muller, prendre part au Forum du G7 pour le Dialogue impliquant des femmes d'influence (dont Angela Merkel, Melinda Gates, Ellen Johnson Sirleaf), ou encore visiter le Fab Lab, un institut technologique de pointe. Des moments qu'elle a, comme toujours, documentés via son compte Instagram.