Mars et les innombrables rêves de la science-fiction ont perdu un autre père. Trois mois après Moebius, l'écrivain culte Ray Bradbury est décédé à l'âge de 91 ans, à Los Angeles.
Poussé par les aventures de Flash Gordon et Buck Rogers, Ray Bradbury commence, à 18 ans, à écrire des histoires de science-fiction publiées dans les magazines spécialisés. Au cours de son existence, il imagine plus de six-cents nouvelles et une trentaine de romans, dont les très célèbres Chroniques martiennes (1950). Récit de la colonisation de la planète rouge par les Terriens, ce recueil de nouvelles entre rapidement dans le panthéon des oeuvres culte de la science-fiction, à la fois poétiques et incroyables.
Fahrenheit 451 (1953) est son autre grande oeuvre. Cette dystopie où la littérature est bannie par les hautes instances a étendu sa popularité jusqu'aux écrans de cinéma grâce à l'adaptation de François Truffaut en 1966, avec Oskar Werner et Julie Christie. Une dizaine d'années plus tard, Steven Spielberg demandait à Truffaut d'incarner l'un des héros de son film de science-fiction Rencontres du troisième type (1977).
Un lien parmi d'autres entre Bradbury et Spielberg, puisque l'auteur considérait ce film sur les aliens comme "le meilleur film de son genre". Enthousiasmé par le cinéaste hollywoodien, l'écrivain était allé à sa rencontre pour lui déclarer qu'il était un génie. Parmi les hommages rendus à Ray Bradbury, celui de Steven Spielberg : "Il a été mon inspiration durant la majeure partie de ma carrière de science-fiction. Il vit encore à travers ses légions de fans. Dans le monde de la science-fiction, de la fantaisie et de l'imagination, il est immortel." Duncan Jones, réalisateur de très beau Moon (2009) avec Sam Rockwell, a lui aussi avoué l'importance de l'auteur : "Ray Bradbury est décédé. Un autre extraordinaire visionnaire de la SF est parti. Merci pour les idées que vous nous avez laissées, Mr Bradbury. Nous tâcherons d'y faire attention."
Pour sa part, Ray Bradbury expliquait ses écrits d'une bien belle manière : "Pour tout dire, je me souviens de mon arrivée sur la Terre. C'était le 22 août 1920 à la clinique de Waukegan dans l'Illinois. Mon tout premier souvenir date du moment précis où je suis né. J'étais parfaitement conscient de ce qui m'arrivait. Je possède une mémoire qui remonte très loin. Je suis, en quelque sorte, un monstre, une anomalie. Je l'ai découvert il y a quelques années en discutant avec ma mère. En fait, j'ai passé dix mois dans son ventre et non neuf : je suis un bébé né à dix mois. J'ai donc eu un mois supplémentaire pour grandir, et j'en suis ressorti avec des visions." Peut-être savait-il même qu'il allait devenir l'un des auteurs les plus respectés de la science-fiction, condamné à errer dans l'imaginaire de chaque rêveur qui lève les yeux vers le ciel pour imaginer qu'ailleurs, une créature lui rend ce regard.