Actrice, chanteuse mais surtout mythique reine de la nuit, Régine reste l'une des personnalités incontournables du monde du spectacle depuis les années 50. Des strass et des paillettes qui l'ont comblée tout au long de son existence mais qui lui ont surtout permis d'oublier quelques drames de la vie. Car on ne le sait que trop peu, mais cette pionnière du monde de la nuit parisienne a connu son lot d'épreuves entre la séparation d'avec ses parents et la mort de son premier amour en déportation durant la Seconde Guerre mondiale, puis la mort de son fils et ses mariages ratés. Des épisodes sur lesquels elle revient dans un long entretien accordé au magazine Gala...
Sa piste de danse en pleine guerre
Avant que son incroyable destin ne l'emmène sur le toit de la nuit parisienne et internationale, Régine, de son vrai nom Régina Zylberberg, c'est d'abord l'histoire d'une jeune juive d'origine polonaise obligée de se cacher durant la Seconde Guerre mondiale. Un épisode tragique qui la sépare, avec son frère Maurice, de son père puis de sa mère, qui partira se réfugier en Argentine, et de son premier "et seul grand amour", Claude, déporté. "De planque en planque", Régine "emmagasine de la douleur", mais ne perd pas sa joie de vivre. "Je n'ai jamais perdu ma bonne humeur. Je faisais les quatre cents coups, malgré le couvre-feu, malgré le danger. Pendant l'exode, j'ai improvisé une piste de danse" autour d'un arbre, raconte-t-elle. Sans le savoir, c'est alors le début de son histoire d'amour avec le monde de la nuit...
La fête, son style de vie
Forte de cette terrible épreuve, qui forgera son "instinct de survie énorme", Régine trouve dans cette vie nocturne tout ce qui la comble. Malgré son grand succès dans la musique, avec des chansons de Charles Aznavour ou Serge Gainsbourg, elle préfère se consacrer à ses nombreuses boîtes de nuit qui cartonnent et lui permettent de très bien gagner sa vie. "Voir mes clients artistes déprimer, presque au bord du suicide, quand ils n'avaient pas de tube ou de film à l'affiche, ça m'a fait réfléchir. Ça n'était pas le style de vie qui me correspondait", explique-t-elle.
Une période faste pour Régine, qui se s'épanouit totalement dans ce milieu, où elle multiplie les rencontres amicales et fait danser les plus grandes stars du moment. La tête dans les paillettes, la reine de la nuit ne s'attarde donc pas vraiment avec les hommes, qui ont "toujours occupé une place éphémère" dans sa vie. "Sur les trente-quatre années d'union avec mon dernier mari [Roger Choukroun, épousé en 1970, NDLR], nous avons dû en partager vraiment trois. Quand, en 1947, j'ai épousé Paul, mon premier mari, père de mon fils unique Lionel, grand-père de Daphné, un type pourtant formidable, je n'avais qu'une idée en tête : divorcer au plus vite. C'est ce que j'ai fait en 1950 !", confie-t-elle.
Son fils, le "grand drame" de sa vie
Mais si Régine aura sacrifié sa vie sentimentale pour la nuit, elle dit aussi en avoir fait pâtir sa famille. Et notamment son fils Lionel, mort d'un cancer en 2006, à 58 ans seulement, son "grand drame" et un véritable regret. "Je pense beaucoup à lui, à sa disparition, ces derniers temps. Je l'adorais. Notre relation était très difficile, car il était exclusif, jaloux de la nuit. (...) Je n'ai pas compris son besoin d'amour et je m'en veux. (...) Il voulait que je sois une vraie mère. Je ne l'ai pas été", estime-t-elle aujourd'hui.
À 84 ans, Régine regrette aujourd'hui ne pas avoir pu fonder une grande famille et avoir donné la vie à d'autres enfants, notamment à cause de plusieurs fausses couches et de tentatives d'adoption manquées. Heureusement, elle est désormais comblée par sa petite-fille, Daphné – "un vrai bonheur" –, qui vit actuellement à Londres, où elle est monteuse pour le cinéma. "J'adore les enfants. Je compte sur Daphné pour faire des petits !", confie-t-elle à Gala, dans son bel appartement du 8e arrondissement parisien, "tout ce qu'il (lui) reste !" selon elle, qui se dit "ruinée". Malgré sa carrière déjà réussie, la reine de la nuit reste active et garde toujours des objectifs en tête, dont "refaire fortune" et sortir un tout nouveau disque et un nouveau spectacle, actuellement en préparation. Car Régine, qui n'aurait jamais pensé être encore en vie aujourd'hui, le dit haut et fort : "Je me suis battue toute ma vie et je me battrai jusqu'au bout." Et toujours au milieu des paillettes.
Ne manquez pas le très bon documentaire "Les Mille et une vies de Régine", le 25 janvier à 15h20 sur France 3 et le lundi 27 à 23H25 sur France 3 également.