Robert Badinter s'en est allé le 9 février 2024 et a eu droit à un vibrant hommage national. L'ancien ministre de la Justice était connu pour avoir fait abolir la peine de mort en 1981. Depuis son décès, le nom de Robert Badinter ne cesse de revenir dans l'actualité et notamment dans le débat sur la fin de vie. Épaulé par Elisabeth Badinter tout au long de sa vie - le couple est resté ensemble cinquante-huit ans, le regretté homme politique voit son héritage politique entretenu avec force par son épouse.
La philosophe de 80 ans n'entend pas que l'on utilise le nom de son défunt mari à mauvais escient. "Depuis de nombreux mois et plus encore récemment, j'ai pu constater que la parole de mon mari était utilisée, pour ne pas dire instrumentalisée, par des opposants à toute évolution législative sur ce sujet", écrit Elisabeth Badinter dans une lettre ouverte écrite au député Oliver Falorni (rapporteur de la commission spéciale sur le projet de loi sur la fin de vie présidée par Agnès Firmin-Le Bodo), publiée par le journal La Tribune dimanche ce 21 avril.
La publication de cette lettre s'inscrit dans le cadre de la préparation du projet de loi sur l'encadrement de la fin de vie des malades. Elisabeth Badinter refuse que les opposants à cette loi utilisent les pensées de feu son époux. "Mon mari y avait en effet développé sa réflexion, ses souhaits et ses réserves. C'était en 2008, il y a maintenant seize ans" affirme celle qui a été saluée par le président Emmanuel Macron. Et d'ajouter : "Le caractéristique d'une pensée humaine, c'est de pouvoir s'interroger, c'est de vouloir cheminer, c'est de savoir évoluer. C'est souvent la différence entre un Homme et un dogme."
Celle qui avait 16 ans d'écart avec son mari estime que l'ancien ministre aurait "affirmé son soutien" à un "texte qui instaurait un droit à une aide active à mourir". Toujours dans cette missive, publiée dans La Tribune, Elisabeth Badinter veut réaffirmer le testament de l'ancien garde des Sceaux. Mon mari n'a jamais assimilé aide à mourir et peine de mort [...] S'il avait été parlementaire, Robert Badinter aurait soutenu ce texte. Prétendre le contraire serait une trahison de sa pensée et de sa mémoire", conclut-elle. Elle l'assure donc, son mari aurait voté le texte du gouvernement.