Robert Badinter, ancien ministre de la Justice de François Mitterrand et ancien président du Conseil constitutionnel à qui l'on doit la défense de l'abolition de la peine de mort devant le Parlement, est décédé ce vendredi 9 février 2024. Il était âgé de 95 ans. Une information transmise par sa collaboratrice Aude Napoli à l'AFP. Surnommé l'avocat des causes justes, il était l'une des figures importantes du socialisme français.
Elevé par sa grand-mère pendant que ses parents travaillaient dur dans une entreprise de négoce de fourrure du 13e arrondissement, Robert Badinter est né à Paris. Son père, Simon Badinter, est arrêté par la Gestapo lors d'une rafle en 1943. Robert, 14 ans, part à sa recherche et manque d'être, lui aussi, arrêté. Simon est déporté et meurt peu après au camp de Sobibor. Trouvant refuge avec sa mère, Charlotte Rosenberg, et son frère, Claude Badinter, à Cognin en périphérie de Chambéry, il entamera par la suite des études de sociologie puis se réoriente vers le droit.
Avocat à 22 ans, Robert Badinter devient rapidement un ténor du barreau spécialisé en droit pénal, rappelle Le Point. Oeuvrant contre la peine capitale aux côtés de Jean-Denis Bredin, son associé, et de Philippe Lemaire, il a été marqué par la peine de deux de ses clients, guillotinés en 1972. Il rencontre en 1953 François Mitterrand, amateur de tennis et veut porter des réformes institutionnelles profondes. Le leader du Parti socialiste, devenu président, fera de Robert Badinter son ministre de la Justice. Et le garde des Sceaux fera voter, le 18 septembre 1981, la loi qui abolit la peine de mort. Celle-ci sera adoptée par 363 voix contre 117. On lui doit aussi la fin des dispositions de droit qui discriminent encore les homosexuels.
Robert Badinter a été marié pendant sept ans à la comédienne Anne Vernon que l'on peut voir dans Les Parapluies de Cherbourg. Puis, l'homme de loi épouse Élisabeth Bleustein-Blanchet en 1965, fille de Marcel Bleustein-Blanchet, fondateur de Publicis, et de Sophie Vaillant, arrière-petite-fille du député socialiste et communard Édouard Vaillant, avec qui il aura trois enfants : Judith, Simon et Benjamin.
Le président de la République Emmanuel Macron a fait part de son émotion sur X, anciennement Twitter.
"Avocat, garde des Sceaux, homme de l'abolition de la peine de mort. Robert Badinter ne cessa jamais de plaider pour les Lumières. Il était une figure du siècle, une conscience républicaine, l'esprit français", a écrit Emmanuel Macron, ajoutant une photographie puissante à ses mots.
L'épouse de l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, Carla Bruni, a également pris la plume sur Instagram pour partager son émotion.
"Le 9 Octobre 1981 la peine de mort est abolie en France. Encore aujourd'hui, c'est l'une des raisons pour lesquelles je suis fière d'être française. Merci Monsieur Robert Badinter", a écrit l'autrice-compositrice-interprète Carla Bruni-Sarkozy.