Roger Waters, l'ex-Pink Floyd, a offert une époustouflante version de The Wall !

A 67 ans, Roger Waters a décidé d'ériger de nouveau son "The Wall" tout autour de la planète et PurePeople était là, mardi soir, au Palais omnisport de Paris-Bercy, histoire d'aller humer un parfum des années 70. Bien nous en a pris d'aller assister au célèbre oratorio-rock de l'âme pensante du Pink Floyd depuis le départ précipité de Syd Barrett à la fin des années 60 vers quelques versants névrotiques, libéré de sa folie par son décès en juillet 2006.

On ne reviendra pas sur la signification mystique et personnelle du disque lui-même, double-album le plus vendu de l'histoire de l'industrie musicale avec plus de 30 millions de copies écoulées. Sorti en 1979, The Wall devenu l'opéra-rock de légende du Pink Floyd fut présenté une trentaine de fois en public entre 1980 et 1981. Ces représentations laissèrent financièrement exsangue le groupe, vu les coûts de production exorbitants et engendra dissensions et procès homériques entre Roger Waters et David Gilmour. Son créateur organisera néanmoins, pour le premier anniversaire de la chute du mur de Berlin, en juillet 1990, une représentation exceptionnelle de The Wall sur la Potsdamer Platz avec Van Morrison, Cindy Lauper, Bryan Adams, Scorpions...

Fumigènes, explosions, rafales de tir, crash d'avion sur l'introduction In the Flesh et voilà le concert débutant devant un public déjà conquis. Images, vidéos, portraits de jeunes hommes tombés sur différents champs de bataille depuis la fin de la seconde guerre mondiale, défilent tout au long de la construction du mur.

"Merci Paris, la dernière fois qu'on a fait ça, c'était il y a trente ans..." confesse dans un français un peu hésitant l'ex-bassiste du Pink Floyd, juste après l'interprétation, flanqué d'une chorale d'enfants devant une marionnette géante symbolisant l'instituteur sévère de Pink, héros de l'album, du tube Another Brick in the Wall.

Quinquagénaires et adolescents sont déjà conquis par le spectacle époustouflant qui prend forme sous leurs yeux. Et fait rarissime durant un concert, la dizaine de musiciens accompagnant Roger Waters disparaissent peu à peu, devant l'édification, brique à brique, du monument qui clôt la première partie.
Entracte de vingt minutes et sensation pas banale de 20 000 personnes savourant les accords d'un Hey You d'anthologie, planté devant un mur blanc, sans âme qui vive sur scène. Is There Anybody Out There et ses arpèges ténébreux font frissonner Bercy et vont laisser place à l'un des moments magiques du spectacle avec Comfortably Numb où la voix de Robbie Wyckoff remplace aisément celle de David Gilmour. Sur Run Like Hell, le fameux cochon, symbole du Pink Floyd, survolera l'arène avant la marche rythmique et saccadée des marteaux de Waiting for the Worms avec un Roger Waters-Pink aux allures de dictateur halluciné, hurlant dans un mégaphone.
Et puis, The Trial, face au mur durant son théâtral procès stalinien aux sonorités de Kurt Weill, Roger Waters fera exploser, dans un cri de douleur, le mur de ses poings vengeurs, libérant le personnage de sa folie. Il est bien évident que Syd Barrett n'est pas loin.

Malgré une solide réputation de mégalomane et un sale caractère légendaire, Roger Waters offre un phénoménal spectacle qui s'adapte parfaitement à la salle du POPB, faisant preuve d'une maturité artistique et musicale rarement égalée. Bien sûr, la portée politique peut paraître un peu légère, confirmant que "la guerre c'est pas bien", mais le plaisir de retrouver sur scène, ce monument de la fin des années 70 est un plaisir à nul autre pareil.

The Wall et Roger Waters repassent par Paris le 30 Juin et le 1er juillet prochains. Précipitez-vous !!!!