Roman Polanski ne devait sûrement pas s'attendre à ça. Alors que le cinéaste est actuellement en train de tourner son nouveau long métrage avec sa femme Emmanuelle Seigner et l'actrice Eva Green, il doit affronter une très forte colère contre sa nomination en tant que président des César du Cinéma 2017.
La grogne a commencé sur les réseaux sociaux et notamment Twitter, lorsque l'annonce a été faite par l'Académie des César et Canal+ qui diffusera en clair et en direct la cérémonie le 24 février. De nombreux internautes, certains très influents et engagés pour la cause des femmes, se sont emportés contre la nomination de Polanski à ce poste symbolique. En effet, le réalisateur du Pianiste et de The Ghost Writer est impliqué dans une affaire de viol sur mineure remontant à 1977 et qui n'a toujours pas été jugée aux Etats-Unis. Rappel des faits : en 1977, le cinéaste alors âgé de 43 ans, avait abusé d'une adolescente de 13 ans, Samantha Gailey (aujourd'hui Geimer). Après 42 jours de prison et libéré sous caution, Roman Polanski, qui avait plaidé coupable pour le détournement de mineure et a toujours nié les accusations de viol qu'on lui reprochait, s'était enfui des États-Unis avant l'annonce du verdict, craignant d'être lourdement condamné.
Un pied de nez indigne fait aux nombreuses victimes de viols et d'agressions sexuelles
Dans les heures qui ont suivi ce tollé, une pétition qui a déjà rassemblé plus de 51 000 soutiens, a vu le jour sur la Toile. De même, l'association Osez le Féminisme a appelé à une manifestation le 24 février prochain devant la salle Pleyel où aura lieu la cérémonie : "La désignation de Roman Polanski est un pied de nez indigne fait aux nombreuses victimes de viols et d'agressions sexuelles", a estimé sa porte-parole Claire Serre-Combe dans un communiqué.
Face à cette manifestation, Gilles Lellouche a décidé d'apporter son soutien à Roman Polanski. "En France, on fait des polémiques de tout. À Ce moment-là, il fallait lui interdire de vivre sur notre territoire ou d'y travailler. Mais on l'accueille, on lui donne des prix, on l'encense puisque c'est un immense réalisateur [...] Je ne suis pas en train d'excuser les faits. Mais pourquoi, aujourd'hui plus qu'hier, devrait-il y avoir scandale ?", a expliqué l'acteur français dans Le Parisien. Selon lui, "ça n'a pas de sens" et "même la victime, elle la première, en a assez de cette histoire".
Aurélie Filippetti, ex-ministre de la Culture, a elle aussi pris la défense de Roman Polanski. "Je pense que c'est la liberté absolue de l'académie des César. C'est un très grand réalisateur. Je pense que concernant cette affaire, voilà, c'est quelque chose qui s'est passé il y a quarante ans. Et on ne peut pas à chaque fois relancer cette affaire.", a-t-elle déclaré sur l'antenne de France Info.
Laurence Rossignol, ministre des Droits des femmes, n'est pas de cet avis. "C'est un choix qui témoigne, de la part de ceux qui ont décidé de le nommer président des César, d'une indifférence à l'égard des faits qui lui sont reprochés", a fustigé la ministre sur France Culture, évoquant un choix "surprenant et choquant".
À l'heure où ces lignes sont écrites, ni l'Académie ni son président Alain Terzian n'ont répondu aux attaques.