Le procès au civil du réalisateur franco-polonais Roman Polanski pour viol sur mineur en 1973 en Californie, prévu en août 2025, a été annulé après un accord entre les parties, a indiqué mardi 22 octobre 2024 à l'AFP son avocat américain.
Sa présence au tribunal aurait été très hypothétique, le cinéaste de 91 ans ayant fui en 1977 la justice américaine après une condamnation dans une autre affaire où il était inculpé pour viol sur mineur. L'affaire de 1973 a été "réglée durant l'été après satisfaction mutuelle des parties" et le procès a été "formellement annulé", a écrit Me Alexander Rufus-Isaacs dans un email.
Selon la plainte déposée l'année dernière, Roman Polanski aurait emmené cette adolescente - anonymisée dans le document - dans un restaurant de Los Angeles en 1973. Il lui aurait fait boire de la tequila puis l'aurait ramenée chez lui avant de l'agresser.
"Elle lui a dit 's'il te plaît, ne fais pas ça'", avait déclaré à la presse en mars son avocate Gloria Allred, figure du mouvement #MeToo et représentante de victimes du producteur déchu Harvey Weinstein. "Elle soutient qu'il a refusé ses demandes. Elle soutient aussi que l'accusé Polanski a retiré les vêtements de la plaignante et l'a ensuite agressée sexuellement, provoquant chez elle des souffrances physiques et émotionnelles immenses", avait-elle ajouté. Sollicitée par l'AFP, l'avocate n'a pas répondu dans l'immédiat.
Cette femme, dont l'âge n'est pas connu, avait rendu publiques ces accusations en 2017. La défense du réalisateur avait alors déjà affirmé que son client "contestait fermement toute accusation de viol". La plaignante demandait des dommages et intérêts, sans montant précis.
Sa plainte avait été déposée en juin 2023, juste avant que ne se referme une fenêtre de temps pendant laquelle, selon une législation californienne, des justiciables pouvaient porter plainte pour des viols ou des agressions sexuelles remontant à des années auparavant.
Par ailleurs, la cour d'appel de Paris dira le 4 décembre prochain si le réalisateur, relaxé sur le plan pénal après avoir été accusé de diffamation par l'actrice britannique Charlotte Lewis, est tout de même coupable d'une "faute civile" et devra donc lui verser des dommages et intérêts.
Roman Polonaski, accusé d'agressions sexuelles et de viols par plusieurs femmes, dont Charlotte Lewis, a été relaxé en mai dernier par le tribunal judiciaire alors que la comédienne avait porté plainte en diffamation contre des propos la concernant, tenus par le cinéaste. Elle avait alors fait appel, mais pas le parquet. Cela signifie que la relaxe est définitive mais que la cour d'appel peut tout de même condamner le réalisateur, au civil uniquement, à verser des dommages et intérêts.
Dans ce dossier, la justice n'est pas amenée à se prononcer pour déterminer si Roman Polanski avait violé ou non l'actrice britannique mais seulement si le cinéaste avait fait, ou non, un usage abusif de sa liberté d'expression dans un entretien publié par Paris Match en décembre 2019. Interrogé dans cet article sur les accusations d'agressions sexuelles et de viols portées contre lui par plusieurs femmes, dont Charlotte Lewis, le réalisateur de avait répondu: "Voyez-vous, la première qualité d'un bon menteur, c'est une excellente mémoire. On mentionne toujours Charlotte Lewis dans la liste de mes accusatrices sans jamais relever ses contradictions."
En 2010, lors d'une conférence de presse au Festival de Cannes, Charlotte Lewis avait raconté avoir été agressée à l'occasion d'un casting organisé chez Roman Polanski, à Paris, en 1983, alors qu'elle était âgée de 16 ans. Pour illustrer les "contradictions" selon eux de la plaignante, les avocats de Roman Polanski avaient exhumé lors du procès en première instance un entretien accordé par la comédienne en 1999 à News of the World dans lequel elle faisait part de son admiration pour le réalisateur qui lui a confié en 1986 un rôle dans son film Pirates. "Il me fascinait et je voulais être sa maîtresse. Je le voulais probablement plus qu'il ne me voulait", aurait-elle confié au tabloïd britannique. La comédienne conteste en partie les paroles qui lui sont attribuées par le journal.
Roman Polanski, qui a remporté trois Oscars et une Palme d'Or, a été accusé d'agressions sexuelles et viols par une dizaine de femmes au fil de sa carrière, accusations qu'il a toujours contestées et qui ne l'ont pas empêché de travailler. Il est considéré comme un fugitif aux Etats-Unis depuis plus de 40 ans après une condamnation pour des "relations sexuelles illégales" avec une mineure de 13 ans, Samantha Gailey (devenue Geimer).
En 1977, arrêté, accusé d'avoir drogué et violé cette adolescente, l'époux de l'actrice Emmanuelle Seigner avait passé 42 jours en prison avant d'être libéré puis de s'enfuir pour Paris face au risque d'être à nouveau emprisonné. Il est visé par un mandat d'arrêt international de la justice américaine mais a échappé aux extraditions. Samantha Geimer a depuis demandé plusieurs fois l'abandon des poursuites.