C'est la première fois que le réalisateur va se retrouver face à la justice depuis 1977. Cette année-là, Roman Polanski avait fui les Etats-Unis après avoir plaidé coupable de rapports sexuels illégaux avec une mineure - Samantha Gailey, devenue Geimer, qui avait alors 13 ans. Il est toujours considéré comme fugitif en Amérique mais c'est en France, à Paris, que le cinéaste est jugé le mardi 5 mars 2024 pour diffamation.
L'audience s'ouvrira à 13H30 devant la 17e chambre du tribunal correctionnel. Roman Polanski est poursuivi pour diffamation après avoir qualifié "d'odieux mensonges" les accusations d'agression sexuelle lancées contre lui par l'actrice britannique Charlotte Lewis. Cette dernière l'avait accusé, en 2010, de l'avoir violée en 1983 alors qu'elle avait 16 ans et qu'elle venait de le rencontrer pour le casting du film Pirates, ensuite présenté au Festival de Cannes.
"Le jour où j'ai rencontré Polanski, il m'a dit qu'il avait besoin de connaître entièrement son actrice, raconte-t-elle dans les colonnes du journal Le Parisien. Et que si je n'étais pas assez mûre pour coucher avec lui, alors je n'étais pas assez mûre pour le casting." Dans les pages du quotidien, Charlotte Lewis dénonce une campagne de diffamation lancée à l'époque pour la discréditer. Une interview - qu'elle avait contesté - était alors ressortie dans le média News of the World, dans laquelle elle disait qu'elle se prostituait à l'âge de 14 ans et qu'elle voulait "devenir la maîtresse" de Polanski
"Roman Polanski sait très bien que je n'ai jamais été ni une prostituée ni une menteuse, ajoute l'actrice. Je veux juste laver mon nom pour mon fils et ses futurs enfants. Et peut-être que je pourrai alors commencer une vie normale." Charlotte Lewis, qui est domiciliée au Royaume-Uni, sera présente devant la 17e chambre du tribunal correctionnel. Le réalisateur franco-polonais de 90 ans, qui habite à Paris avec son épouse Emmanuelle Seigner, ne s'y présentera pas, ont fait savoir ses avocats qui le représenteront. "Je suis surprise qu'il ne veuille pas être face à moi, souligne la comédienne. Moi, je serai là, je n'ai pas peur. S'il est si sûr que je mens, alors pourquoi ne m'a-t-il jamais poursuivie en diffamation ?"
Retrouvez l'interview de Charlotte Lewis dans le journal Le Parisien du 5 mars 2024.