Sanseverino, c'est la gouaille, la gouache, la patte folle, le métier du live à la bonne franquette et de la faconde qui fait mouche... quand elle ne fait pas scandale. Dans le Sud-Ouest aussi, on a du savoir-vivre et du franc-parler, mais il ne faut pas passer les bornes : et là, le parangon français du jazz manouche spirituel et/ou accrocheur s'est planté en beauté. Du moins d'après le compte-rendu livré par le journal Sud Ouest. Tête d'affiche du festival Jazz in Sanguinet, petite commune des Landes qui se réjouissait d'avance de le recevoir, l'artiste parisien aurait foutu la soirée du samedi 23 en l'air et irrité ses hôtes au point de se faire qualifier de "voyou" par les organisateurs.
Sud-Ouest fait un récit sans circonstances atténuantes de ce qui aurait dû, après la première partie ensoleillée par la Caribéenne Tricia Evy, être une soirée de fête autour de la six cordes et des lignes percutantes de l'auteur de Frida, du Tango des gens, du Swing du Nul (et de celui du Président), de La Cigarette et autres Michto la pompe :
"Jazz in Sanguinet 2011 restera dans les annales. Hélas, c'est par un coup de tête plus qu'un coup d'éclat. Sanseverino, tête d'affiche du festival, a gâché la fête samedi soir. Invité pour son répertoire jazz manouche, il a offert au public sa face rock. Dans l'attitude comme dans la musique. Au tout début du concert, il n'apprécie pas le geste des agents de la sécurité qui viennent de déloger un danseur, visiblement un peu éméché, du devant de la scène. L'artiste s'arrête alors de jouer. Il pose sa guitare. Puis court vers le fond du chapiteau. Sur le millier de places disponibles, près de 300 sont disposées debout, derrière des barrières. Sanseverino en enlève quelques-unes. Il remonte sur scène, après une courte altercation avec une personne de la sécurité. Le public placé derrière passe devant, tout en restant debout, gênant ainsi des personnes assises aux premières loges qui commencent à quitter le concert. " C'est lamentable, je veux être remboursé ", entend-on à plusieurs reprises."
Le quotidien régional rapporte le mécontentement véhément de nombreux spectateurs réclamant une compensation aux organisateurs, atterrés : "On a eu affaire à un voyou, pas un artiste. On a été piégés, on s'est plantés dans ce choix", se lamentait Sergio Diederich, programmateur historique de Jazz in Sanguinet, qui a pu reprendre des couleurs en clôture dimanche avec le célèbre saxophoniste et chanteur anglais Drew Davies. Un brin mélodramatique, peut-être, pour déplorer une erreur de programmation ?
Sud Ouest en profite pour scruter le casier récent de Sanseverino et mentionne un dérapage survenu quelques jours plus tôt lors de son escale à Pau, le 20 juillet, où il "s'était laissé aller à des commentaires douteux à propos d'Henri Salvador ("la musique qu'il fait s'est trop de la m...) qui avaient provoqués des sifflets dans l'assistance".
On ne songerait pourtant pas à épingler une quelconque mauvaise foi ou un a priori de la part de nos confrères de Sud-Ouest, puisque, bien au contraire, ils avaient déroulé la tapis rouge pour Sanseverino le "poète populaire" avant son concert gratuit au Théâtre de Verdure de Pau, et avaient même servi à leurs lecteurs une interview gratifiante : "On sent en lui quelqu'un de gentil, d'ouvert et de disponible. Les Amis de la chanson populaire, organisateurs du festival, l'ont justement choisi pour son côté " populaire ". " Plutôt populaire que people, ça c'est sûr ", s'exclame-t-il. Est-il content d'être à Pau ? Honnête, il répond sans tricher. " Je suis surtout content de jouer. Il n'y a pas de régions super sympas et de régions de gros cons. Quand tu es toi-même, quand tu es généreux sur scène, l'ambiance est sympa partout. Les gens aiment la musique, même s'ils ne savent pas taper en rythme dans leurs mains."
Peut-être le problème vient-il du fait qu'il ne faudrait asseoir personne à un concert de Sanseverino ? A moins que la réalité soit tout simplement beaucoup moins manichéenne que Sud-Ouest veut bien nous le faire croire et qu'il y ait eu erreur de casting... On en veut pour preuve ce commentaire (sic) éclairé d'un internaute, Vincent R., réagissant à l'article :
"J'ai vu 100 notables ronchonds au début et 2 heures après 1500 personnes acclamer debout sur leurs chaises Sansevérino qui venait de donner un concert magistral. Certaines personnes du festival m'ont dit que c' était le meilleur concert depuis 10 ans.
Les organisateurs sont de mauvaise foi car le jeune qui dansait n' a pas été déloger, mais copieusement corriger, nuance. De plus, quand on invite un artiste, la moindre des choses est de l' écouter en concert avant. Sansévérino, ce n' est jamais tiède et mettre des chaises devant la scène avec dessus des notables est aussi incongru que inviter iggy pop pour la fête des écoles du petit.
La chanteuse d'avant nous a fait un concert sans aucun risque, avec des standards vus et revus et d' un ennui certain."
Sans (autre) commentaire.
G.J.