Après la terrible agression à l'acide de Sergueï Filine, le directeur artistique du Bolchoï, l'enquête se poursuit. La police, qui privilégie toujours la piste d'une rivalité professionnelle, a interrogé le 23 janvier Nikolaï Tsiskaridze, danseur étoile vedette du théâtre et ennemi intime de la victime. Si ce dernier, entendu en tant que témoin, clame son innocence, il n'hésite pas à montrer sa haine envers Sergueï Filine. "A part le battage que la direction fait autour de cette affaire depuis 9h du matin. Je n'ai rien en commun avec ce type", avait-il ainsi déclaré le lendemain du drame au journal Moskovski Komsomolets, selon Le Figaro.
Alors que Sergueï Filine est toujours à l'hôpital où il va subir une quatrième opération pour ne pas totalement perdre la vue, Nikolaï Tsiskaridze ne montre aucune compassion pour son homologue et dénonce "une campagne de persécution". "Tsiskaridze n'est pas le seul ! Une trentaine de personnes sont interrogées à l'intérieur de la compagnie", rappelle de son côté Katia Novikova, porte-parole d'Anatoly Iksanov, le directeur du Bolchoï.
Figure intouchable de la danse et proche de Vladimir Poutine, Nikolaï Tsiskaridze est un habitué des sorties controversées contre le Bolchoï. Lors de l'inauguration du théâtre rénové, après six ans de travaux, et en présence du président de l'époque, Dmitri Medvedev, il avait durement critiqué le résultat. "On a l'impression d'être dans un hôtel turc qui aurait la forme du Bolchoï", avait-il lancé à la télévision. Nikolaï Tsiskaridze n'hésite également pas à critiquer ses homologues danseurs, et notamment David Hallberg, première étoile américaine à intégrer la compagnie. "J'aime beaucoup David et je le respecte comme danseur, mais c'est une insulte au ballet russe dans son entier, une démonstration d'indifférence à la richesse de la tradition et de la culture russes", juge-t-il alors.
Si ces critiques répétées ne font pas de lui un coupable, les regards se tournent aujourd'hui vers le sulfureux Nikolaï Tsiskaridze après l'agression de son ennemi Sergueï Filine. "J'espère qu'il n'est pas tombé assez bas pour être responsable de l'agression, mais c'est bien lui qui est à l'origine de l'atmosphère malsaine au théâtre", précise Anatoly Iksanov.