Si Mister Goz, la simiesque mascotte digitale de la bande, est indéniablement le maître et le supplément d'âme de Shaka Ponk, c'est encore en chair et en os que Frah et ses complices font depuis des années la démonstration de leur énergie animale. Elle crève d'ailleurs l'écran dans le clip de Let's Bang, titre d'ouverture du troisième album du groupe, The Geeks and The Jerkin's Socks, platiné et désormais disponible dans une réédition. Si vous êtes prêts à enfreindre l'avertissement "naked animals", ce clip, très bestial et très graphique, comme toujours avec SHK PNK, vous réjouira.
On avait déjà pu découvrir il y a plus d'un an une première vidéo pour ce morceau qui, plat de résistance dès le hors-d'oeuvre de l'album, explose comme une bruyante profession de foi débordant d'adrénaline et revendique cranement le talent de Shaka Ponk pour inoculer le virus de la bougeotte. Mais entre-temps, le statut de ces agitateurs de foules a bien changé : de phénomène relativement confidentiel réjouissant un cercle d'initiés et grossissant son public au gré des scènes, Shaka Ponk, repéré en 2009 avec son second album Bad Porn Movie Trax (How We Kill Stars) puis nominé aux Victoires de la musique 2010, est entré dans une nouvelle dimension avec l'album The Geeks and the Jerkin' Socks, porté par les morceaux Let's Bang, My Name is Stain (passé n°1 des playlists Virgin et NRJ), Sex Ball, et Palabra mi amor, enregistrant la contribution inattendue de Bertrand Cantat.
A nouvelle envergure, nouveaux moyens et nouvelles audaces : la première mouture se contentait d'images du groupe en session studio et de bricolages visuels (effets de réalisation et dessins), le nouveau clip officiel de Let's Bang, bombe festive entre power pop et rock vintage (percus doublées, choeurs "chou bap" et autres "ouh-ouh"), met en scène Frah, la très sexy Sam ou encore Steve dans le plus simple appareil, de vraies bêtes à poil en plein délire visuel (le clip de My Name is Stain, très Avatar-trippé, n'était pas mal non plus dans le genre...) et sur fond d'images explosives de tournée, riches en crowd-surfing. Un matériau en perpétuelle expansion : star des festivals de l'été (comme dernièrement les Francofolies de La Rochelle), Shaka Ponk enchaînera à l'automne avec une tournée passant notamment en novembre par Paris, avec l'Olympia (qu'ils ont rempli deux fois en avril !) le 9, le Zénith le 10, et le Bataclan le 11, ou encore la halle Tony-Garnier de Lyon le 14.
Au Figaro.fr, Frah et sa bande ont justifié ce désir de live, un art qui a fait leur réputation et leur notoriété, jusque dans leurs clips : "On a beaucoup tourné, ça n'arrête jamais ! Pour ce clip, il fallait y mettre de l'image vivante. Donc, on voulait y mettre de l'air, de la sueur, donc du live. Avec le bordel visuel qu'on a sur scène lors des shows, ça se marie avec folie. Donc, des images live sur un clip, c'est un peu tricher, car un live de Shaka Ponk, c'est juste un clip de 2h30." Quant à la manière dont le clip passe dont live et grand fun digital se mêlent, les projections sonores et projections visuelles se faisant écho, et, Frah, Sam, Steve & co, dans un look luminescent d'hologrammes, se déhanchant en protégeant seulement leur plus stricte intimité, l'ex-webdesigner devenu star de la scène musicale poursuit : "Nous sommes assez branchés 3D et plugins, donc les clips font vite technologiques: les personnages font leur show sur scène, les visuels des tee-shirts dansent, les décors apparaissent en live, le singe passe de la Monkey TV à la batterie en concert...tout se mélange follement."
Pour paraphraser un certain Sinclair : "c'est si bon comme ça, quand tout se mélange, ça donne un goût étrange !"