A 38 ans, Sireli Bobo continue d'affoler les défenses du Top 14 et d'enfiler les essais comme les perles. Une longévité rare dans un sport où les contacts violents sont aussi courants que les trains en retard. Pourtant, le Fidjien aurait pu se perdre dans les méandres de l'alcool s'il n'avait rencontré Dieu.
Des jambes de feu, une puissance digne d'un seconde ligne, et un je ne sais quoi de folie propre aux Fidjiens. Sireli Bobo est l'archétype du trois-quart que les défenses détestent affronter. Pourtant, à 38 ans, la star de La Rochelle est bien consciente que sa route aurait pu prendre une tout autre direction. L'Équipe est allé à la rencontre de cette homme aussi discret que talentueux, qui revient sans concessions sur son passé, et notamment ses folles soirées du temps où il évoluait à Biarritz ou au Racing Métro à Colombes.
Des folles nuits alcoolisées à la rencontre de Dieu
"C'est fini ça, assure-t-il. Depuis novembre 2008, quand je jouais au Racing, j'ai tout arrêté : boire, les soirées... Ici, en Europe, il y a beaucoup de tentations. Mais terminé le 'wine, women, wealth (en français, vin, femmes, richesse, ndlr) ! J'ai décidé de me consacrer à Dieu." Croyant depuis son enfance, le rugbyman explique qu'à 18 ans, il a suivi ses amis aux Fidji, "en soirée pour boire, en oubliant tout l'enseignement de [s]es parents de bien [s]e conduire. C'est triste...".
Alors comment l'homme aux 43 essais en Top 14 a-t-il mis fin à ses soirées alcoolisées ? "En ne m'étant pas couché après une nouvelle nuit de fête, dans tout Paris, à boire, boire... Une fois de plus, je suis rentré ivre mort à 7 heures du matin. Toute ma famille dormait et, moi, j'étais encore saoul, complètement saoul...", raconte-il avec un sérieux à décontenancer un Sébastien Chabal. Ce jour-là, Sireli Bobo va rencontrer Dieu. L'un de ses amis fidjiens, qu'il avait hébergé quelques jours plus tôt, lui a laissé un DVD "pour le regarder un jour". "Ce gars-là n'avait jamais bu un verre de sa vie", ajoute-t-il. Alors ce matin, il met le DVD et découvre le prêche d'un pasteur dans une église. "Après son sermon, le pasteur a dit une prière : 'Si vous voulez confier votre vie à Jésus, levez vos mains, et pour ceux qui ne sont pas là ce soir, vous pouvez nous rejoindre et je prierai pour vous.' J'ai levé les mains devant la télé et suivi cette prière de pardon des péchés", dévoile Sireli Bobo dans les colonnes de L'Équipe.
Dieu et la sobriété
A ce moment, le Fidjien s'est promis de ne plus boire une goutte d'alcool et de confier sa vie à Dieu : "Je suis allé voir ma femme, Taina, pour lui parler de cette promesse. Après toutes ces années, elle était heureuse, évidemment, pour elle et nos fils (Epeli et Sireli Jr., 10 et 6 ans)." Depuis, le puissant 3/4 qui soufflera ses 39 bougies le 28 janvier prochain n'a plus avalé une goutte d'alcool. Malgré les très réputées troisièmes mi-temps du rugby. "Je pense qu'alcool et professionnalisme, ça ne marche pas ensemble, analyse-t-il. Je voudrais que les jeunes joueurs le comprennent. Une bière ou deux, pas de problème. Mais pas de boire sans arrêt."
Désormais, et pour être performant sur les terrains de rugby, Sireli Bobo prend soin de son corps et sa centaine de kilos. Son secret de longévité ? Encore et toujours Dieu. Pas d'extra, presque une vie monacale. Même les gâteaux de son épouse n'ont pas le droit de cité... Quant à la retraite, ou ses 40 ans célébrés sur un terrain, "avec les spectateurs qui chanteraient Joyeux anniversaire", comme le suggère L'Équipe, la réponse est toute trouvée : "Je n'en sais rien. Je vous ai dit : j'ai confié ma vie à Dieu. Quand il me dira d'arrêter, il sera temps."
Sireli Bobo, une interview à retrouver dans le quotidien l'Équipe du 18 septembre 2014