"Ricky a un rêve : faire de Staff Benda Bilili le meilleur orchestre du Congo Kinshasa. Roger, enfant des rues, désire plus que tout rejoindre ces stars du ghetto qui écument la ville sur des fauteuils roulants customisés façon Mad Max. Ensemble, il leur faut déjouer les pièges de la rue, rester unis, trouver dans la musique la force d'espérer." Telle est le pitch de l'histoire, vraie, qui a secoué "très très fort" (titre de leur dernier album) la Croisette en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs du dernier festival de Cannes, et a profondément ému, transcendé même, les spectateurs qui en ont eu la primeur sur grand écran.
Quelques semaines après cette première onde de choc, coup de coeur du Festival qualifié de "miracle" par Libération, Benda Bilili! est sorti en salles mercredi, visible de tous (bande-annonce ci-dessus). Retraçant, des premières répétitions à leur triomphe dans les festivals du monde entier, l'épopée courageuse et flamboyante du groupe formé à Kinshasa par des musiciens en fauteuil roulant, atteints de polyomyélite dans leur jeunesse et vivant dans la rue et dans le jardin zoologique, le film, réalisé, comme toutes les vidéos du Staff, par le tandem Florent de la Tullaye et Renaud Barret, appartient désormais à la classe de ces documentaires socio-culturels habités d'une musique à l'âme supérieure (à ranger non loin du cultissime Buena Vista Social Club).
Fresque salvatrice et énergisante développée au rythme de ce fameux mélange afro-caribéen détonnant (rumba congolaise, rythm'n'blues, reggae), Benda Bilili!, illustrant par les faits le credo du groupe (pour qui le handicap est essentiellement psychologique), s'impose comme une aventure humaine à partager.