Le CV de Stéphane Métro faisait de lui une figure du milieu de la comédie musicale française. Auteur-compositeur et metteur en scène, il s'est notamment fait connaître au début des années 2000 via la comédie musicale Roméo & Juliette de Gérard Presgurvic puis celle de Roman Polanski, Le Bal des vampires, tandis qu'il a également fait partie du jury de plusieurs émissions télévisées et est professeur de chant. Désormais, son nom est associé à une sombre affaire devant la justice. Il est jugé à Bobigny pour atteintes sexuelles sur des adolescents, alors ses élèves, et cinq années de prison dont trois avec sursis ont été requises mercredi 14 décembre 2022 contre lui. Gwendal Marimoutou et Alicia, deux des trois plaignants, étaient présents au procès.
A la barre, Stéphane Métro a reconnu les faits qui l'ont conduit, à 27 ans, à entamer en 2003 une "relation" avec l'une de ses élèves, alors âgée de 14 ans. "J'étais amoureux", a-t-il dit au sujet de la jeune fille, confiée par ses parents pour des cours particuliers de chant. A un mètre de lui, la victime l'écoutait, dévastée. Elle a été incapable de prendre la parole.
La liaison secrète a duré plusieurs années, dont les deux premières où ils n'ont ey que des rapports anaux. Ce fut la première expérience sexuelle de la victime, qui a souffert ensuite de graves troubles. Les faits ont agi sur la jeune femme comme "une bombe à fragmentation, ça atteint toutes les sphères", a appuyé son avocate, Me Marianne Rostan.
Elle "avait 14 ans, je fantasmais en avoir 15", a avancé Stéphane Métro, qui a admis que "ce n'était pas rationnel". "J'essaie d'expliquer l'inexplicable", a-t-il lâché.
Libération était présent lors de l'audience et rapporte le regard des proches de l'accusé.
Durant cette douloureuse journée pour les deux jeunes gens, le prévenu, déjà condamné en 1996 pour des faits de pédocriminalité en colonie de vacances quand il avait 18 ans sur des enfants de 10 à 11 ans, se tient stoïque à la barre. "Derrière l'accusé, on aperçoit sa fille Juliette et son ex-compagne, Noémie [les prénoms ont été modifiés précise le journal]. Les yeux humides, elle est là pour soutenir sa fille, elle-même venue accompagner son père. 'Je préférerais ne pas être là, souffle Noémie. J'angoisse d'entendre ce qu'il s'est passé pendant que j'étais là et je n'ai rien vu.'"
Des accusations qu'il reconnaît mais il dévoile son ressenti propre : "C'est un éternel recommencement, d'être moi-même un adolescent. (...) C'était une petite fille. C'est une victime. C'est quelqu'un qui aurait mieux fait de ne pas croiser mon chemin. Ou c'est moi, puisque j'étais l'adulte, qui aurais dû me contenter de lui donner ce que je lui devais."
Quelle est la ligne de défense Stéphane Metro ? Son conseil précise son passé et le viol qu'il dit avoir subi durant son enfance par deux membres de sa famille sur son île de naissance, La Réunion. "Ce traumatisme a fermenté dans cet homme", estime son avocat dans des propos rapportés par Libération qui a ajouté, selon l'AFP : "Il a reconnu que son comportement était pathologique." Un lourd dossier sur lequel travaille la justice. La décision sera rendue le 15 février.
Stéphane Métro reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.