Plus que de la passion, c'est vraiment de l'amour. "L'amour a gagné, je regarde devant", témoignait d'ailleurs avec soulagement la princesse Stéphanie de Monaco en juillet après avoir triomphé de l'arrêté d'abattage menaçant les éléphantes Baby et Nepal et avoir accueilli à Roc Agel, sur le domaine de Fonbonne (commune de Peille, Alpes Maritimes) qui était si cher à son père, les deux pachydermes telles... des princesses.
À observer la dévotion de son altesse à leurs petits soins, et la délectation avec laquelle Baby et Nepal ont pris possession des lieux, acclimatées dès leur arrivée sur les hauteurs de la principauté en provenance du parc lyonnais de la Tête d'or, l'avenir s'annonce radieux et serein. À l'image du ciel d'azur au-dessus de leur gigantesque et fascinante tête, ce mardi 20 août 2013, où la princesse Stéphanie, qui a dû être éléphant dans une autre vie selon ses propres confidences, a laissé notre photographe la regarder à l'oeuvre. Des scènes remémorant de manière touchante, près de trente ans en arrière, comment feu le prince Rainier recueillait déjà, au même endroit, des animaux en danger, et, fourche à la main, les nourrissait et les choyait en personne : "Il y a une grande ferme à Roc Agel, mon papa adorait y être au milieu de ses animaux et moi j'étais tout le temps avec lui", Stéphanie s'en souvient très bien. Les chiens ne font pas des chats.
En short bleu marine et polo blanc, dans la chaleur intense des journées d'août sur la French Riviera, la soeur cadette du prince Albert de Monaco veille à tout : nourriture, soins divers, et affection, naturellement. Véritablement dans son élément avec ces "six tonnes de bonheur", elle qui a vécu plusieurs années de sa vie dans la famille du cirque, la princesse Stéphanie semble sur la bonne voie pour acquérir le sésame qui lui manque pour pouvoir continuer à s'occuper de ses protégées, à savoir un "certificat de capacité délivré par l'administration française, indispensable lorsqu'on veut pouvoir détenir et s'occuper de ce type d'animaux" : "Ainsi je ne dépendrai de personne", a-t-elle d'ores et déjà revendiqué. Avec une assurance idoine concernant le diplôme que la présidente du Festival international du cirque se prépare à passer : "Je terminerai ma formation en vue de l'oral de l'examen avec Marcel Peters, le grand spécialiste des éléphants qui a préparé Baby et Népal à leur transfert et va continuer à veiller sur elles pendant quelque temps. Connaître les éléphants, c'est vivre avec eux, les observer, chacun a son caractère, et ça, aucun manuel au monde ne peut vous l'apprendre."
Pour ce qui concerne la nouvelle "maman" de Baby et Nepal, tout est presque réglé, d'autant que la partie technique de son certificat, celle qui a trait à l'habitat des éléphantes, est "achevée". Il ne saurait d'ailleurs y avoir de meilleure validation que celle accordée par les pachydermes à leur enclos de Roc Agel, un "parc de 3500 m² avec un énorme abri en bois et une piscine pour s'abreuver et se rafraîchir" préparé spécialement pour elles qu'elles ont adopté sans la moindre réticence dès leur arrivée le 12 juillet 2013, et malgré un trajet de nuit forcément stressant.
Et pour ce qui concerne leur santé et leur grâce définitive, suite à l'arrêté d'abattage qui avait été pris hâtivement par le préfet du Rhône Jean-François Carenco en raison de soupçons de tuberculose (dont était porteuse leur défunte comparse d'enclos à Lyon, une éléphante sexagénaire), c'est en très bonne voie : après leur arrivée dans le Sud, Baby et Nepal ont passé sans encombre le premier test de contrôle prévu, mené conformément aux protocoles établis par les autorités sanitaires francaises, comme l'a fait savoir par voie de communiqué l'altesse monégasque. Les prélèvements, analysés au laboratoire vétérinaire départemental de Sophia Antipolis et à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) à Paris, se sont avérés négatifs.
"Au mois d'octobre prochain, d'autres tests seront pratiqués afin de valider ces premiers résultats", précisait la princesse Stéphanie. Le dernier point de passage se situera six mois plus tard. C'est là que Baby et Nepal seront officiellement saines et sauves. Ultime dénouement d'un feuilleton médiatique et sanitaire dans lequel la princesse Stéphanie s'était jetée de toutes ses forces et de toute sa colère. La colère a disparu, ne reste plus que le sourire.
Quant à Baby et Nepal, cela se confirme en images : "Elles sont là, tranquilles, zen. On dirait qu'elles ont toujours habité ici."