Elles ont frôlé l'exécution, elles entament finalement une vie de rêve : les éléphantes Baby et Népal, menacées d'euthanasie mais sauvées à la fois par la mobilisation populaire (une pétition rassemblant des milliers de signatures), l'intervention déterminée de figures de premier plan (Brigitte Bardot, la princesse Stéphanie de Monaco), et l'arbitrage de la justice, ont pris vendredi leurs quartiers dans un parc aménagé pour elles par l'altesse monégasque sur les hauteurs de Monaco, en poussant des grognements de plaisir.
Au terme d'un long feuilleton sanitaire et judiciaire entamé dès 2010, les deux éléphantes de 42 et 43 ans ont quitté jeudi 11 juillet 2013 le zoo du parc de la Tête d'Or, à Lyon, en présence de leur bonne fée Stéphanie de Monaco, pour rallier une propriété de la famille Grimaldi à Roc Agel (Alpes Maritimes), où elles sont arrivées sans encombre dans la nuit de jeudi à vendredi.
Présentes à Lyon depuis 20 ans, les deux pachydermes avaient été mises à l'écart du public suite à des soupçons de tuberculose nés à la suite d'examens sanguins en septembre 2010. En août 2012, leur voisine d'enclos Java, doyenne des éléphants en captivité en Europe, décédait à 67 ans de cette maladie, incitant le préfet du Rhône Jean-François Carenco à prendre un arrêté d'abattage par mesure de précaution pour la santé publique. Une décision très controversée, et vertement battue en brèche par la princesse Stéphanie de Monaco, amoureuse depuis toujours des éléphants au point d'avoir un jour considéré qu'elle avait dû être éléphant dans une autre vie : "Une décision a été prise hâtivement et par une seule personne, par le préfet des Rhônes-Alpes, monsieur Carenco. Une interprétation lui a été remise concernant l'état de santé d'un éléphant, Java, qui était séparé de Baby et Népal et qui est mort à 68 ans de vieillesse. Le test, qui était douteux, a été interprété de manière positive par un vétérinaire. De là, le préfet a reçu un faux rapport, ou du moins un rapport fait par des incompétents. Tout est basé sur des suppositions", avait ainsi déploré la présidente passionnée du Festival international du cirque de Monte-Carlo, soupçonnant la Mairie de Lyon de vouloir se débarrasser de ces pensionnaires encombrantes. En février dernier, la mesure d'euthanasie était suspendue par le Conseil d'Etat, avant d'être finalement annulée en mai par le tribunal administratif de Lyon.
Soulagé d'en finir avec cette affaire sensible, M. Carenco s'était félicité que la soeur du prince Albert II soit allée au bout de son engagement et accueille Baby et Népal, propriété du Cirque Pinder, à Roc Agel, dans une propriété appartenant à la famille princière sur la commune de Peille.
Vendredi 12 juillet, la princesse Stéphanie, à l'instar de Sophie Edelstein (fille du directeur du Cirque Pinder), était présente à la Tête d'Or pour le départ de ses deux protégées vers leur nouvelle vie. Et, après une nuit d'un trajet sous escorte policière entre Lyon et Roc Agel en compagnie de deux vétérinaires (l'un de la Tête d'or, l'autre du parc animalier de Monaco) et deux dresseurs, elle s'est confiée à nos confrères de Nice-Matin, qui produisent aujourd'hui un reportage vidéo du transfert : "En sortant de leur camion, Baby et Népal ont été étonnamment calmes, elles se sont très vite habituées à l'espace que nous leur avons préparé, comme si elles avaient toujours vécu ici. C'est un réel bonheur de les voir évoluer ici. Ce qui montre que nous avons bien fait de nous battre jusqu'au bout pour les acceuillir. Les moments difficiles de ces derniers mois s'effacent avec cette image."
La vétérinaire Florence Ollivet-Courtois s'est notamment félicitée que les éléphantes, chargées dans leurs caissons de transport en 40 minutes seulement, aient "très bien coopéré" et que le voyage se soit bien déroulé : "Leur sortie dans leur nouvel enclos s'est faite dans un calme absolu. Népal est sortie en premier et a patiemment attendu que Baby suive. Elles sont inséparables !", a raconté la spécialiste, décrivant les grognements manifestés par les pachydermes en découvrant leur nouvelle maison, signe de leur bien-être.
Et pour cause ! Les éléphantes quadragénaires, qui n'ont pas été sédatées pour la manoeuvre, jouiront désormais à Roc Agel d'un "parc de 3500 m2 avec un énorme abri en bois et une piscine pour s'abreuver et se rafraîchir". Elles seront "bichonnées", a promis la princesse Stéphanie de Monaco. Ce dont on ne doute pas.