À la veille du premier anniversaire des attentats de Paris, Sting a rouvert le Bataclan, là où la musique avait été interrompue par l'horreur et où 90 innocents avaient perdu la vie.
Généreux et sobre, le chanteur britannique a servi un concert chaleureux et parfaitement calibré pour l'hommage attendu. Devant 1500 personnes, dont un tiers était des rescapés et des familles des victimes, l'iconique voix de Police a débuté son concert par une poignante minute de silence. "Ce soir nous avons deux tâches importantes à concilier, a déclaré le chanteur dans un français impeccable. D'abord se souvenir, honorer ceux qui ont perdu la vie dans les attaques d'il y a un an. Ensuite, célébrer la vie, la musique que représente cette salle de spectacle historique. Avant de commencer, j'aimerais que nous observions une minute de silence. Ne les oublions pas."
Après la minute de silence, Sting a débuté sur son superbe Fragile et ses fabuleux textes qui résonnent en écho dans un Bataclan refait à neuf. Dans la foule, la musique et la joie ont vite pris la place de l'appréhension, de la douleur. Accompagné de ses musiciens, mais également du trompettiste Ibrahim Maalouf sur plusieurs morceaux, Sting enchaîne alors les titres.
Sur scène, Sting a alterné entre vieux tubes (dont un Message In A Bottle largement repris par le public) et nouvelles compositions telles que son single I Can't Stop Thinking About You ou 50 000, deux morceaux extraits de son nouvel album, 57th & 9th, sorti le 11 novembre. Engagé, le chanteur ne s'en cache pas, quitte à déranger lorsqu'il entonne Inshallah en lâchant, "c'est un mot magnifique" sous les applaudissements du public et notamment de plusieurs personnalités réunies dans une tribune VIP improvisée. Entre des officiels tels que Valérie Pécresse (président de la région Ile-de-France), Anne Hidalgo (maire de Paris) ou Audrey Azoulay (ministre de la Culture) et des invités tels que Marc-Olivier Fogiel, Claire Chazal ou encore des artistes français comme Patricia Kaas, Shaka Ponk, Vianney, Jeanne Cherhal, ils étaient nombreux à avoir répondu à l'appel.
Tous assisteront au fabuleux final offert par Sting, entre l'inclassable Roxane, Next To You avec l'ancien guitariste de Police, Henry Padovani, et The Empty Chair, interprété par le chanteur en acoustique et dédié aux 90 victimes de l'attentat du Bataclan ainsi qu'à James Foley, le reporter américain exécuté en Syrie en 2014 par l'organisation État islamique. "Il a eu le ton juste, c'était un magnifique moment", a confié après le concert l'un des spectateurs, Stephane Pocidalo, 35 ans, à l'AFP. Jules Frutos, codirecteur du Bataclan, a jugé la soirée "émotionnellement bien" : "C'est comme un moment de bonheur fort, d'apaisement et un super équilibre entre le souvenir du drame et l'avenir de la salle", a-t-il estimé. "Il fallait absolument rouvrir le Bataclan comme il fallait continuer à maintenir les festivals cet été après l'attentat de Nice", a quant à elle confié la ministre de la Culture Audrey Azoulay après le concert.