À plusieurs reprises, Stromae a exprimé en interview ses réserves quant à la notoriété : "J'ai envie de faire de la musique mais aussi d'avoir une vie normale. (...) Je comprends ceux qui deviennent fous avec un tel succès", confiait le jeune artiste Belge en septembre dernier au magazine britannique Complex. Toujours en tournée pour défendre l'album Racine carrée, déjà écoulé à 2 millions d'exemplaires en France, Stromae publie un nouveau clip, Carmen, qui dénonce notre dépendance aux réseaux sociaux et aux sentiments factices.
Inscrit sur Instagram depuis le 23 mars, Stromae y poste des dessins dévoilant son quotidien, réel ou fantasmé. Le coup de crayon est signé Sylvain Chomet, réalisateur du génial Les Triplettes de Belleville, film d'animation nommé aux Oscars en 2004. C'est lui que l'on retrouve à la réalisation de Carmen, le nouveau clip du musicien, dont Chomet a écrit le scénario avec le rappeur Orelsan. Sur une variation du thème bien connu de l'opéra de Bizet, Stromae dénonce notre obsession des réseaux sociaux, Twitter en tête, qui nous fait aimer comme on consomme et, en fin de compte, nous isole. Avec 1,89 million d'abonnés sur le petit oiseau, le Belge sait sans doute de quoi il parle. S'inspirant directement de la chanson, le clip met en scène un Stromae qui découvre Twitter, se croit entouré et aimé lorsque le nombre de ses followers augmente. Scotché à l'écran de son téléphone portable, le jeune homme en vient à négliger sa bien-aimée, bien réelle pourtant à ses côtés. Son erreur le conduira jusqu'à sombrer dans le ventre d'une bête immonde... Si le scénario est simple, sa mise en image est d'une grande poésie : la procession sur un rythme quasi militaire de célébrités (Lady Gaga, Kanye West et Kim Kardashian, Barack Obama, Elizabeth II...) sur le dos de leur gros oiseau bleu vaut le coup d'oeil.
Après Tous les mêmes, Papaoutai ou Ave Cesaria, c'est un nouveau petit bijou de clip que Stromae offre à ses admirateurs. Actuellement en tournée, le chanteur est attendu au prestigieux festival Coachella le 12 avril, dans le désert californien. Après les quelques dates qu'il lui reste à honorer, il devrait prendre une pause bien méritée : "Ce n'est pas naturel d'être le centre d'autant d'attention... Je vais avoir besoin de quelques années pour en guérir."