A-t-il emporté un secret dans la tombe ? Le 29 septembre 2020, la France apprenait que le chef Taku Sekine s'était suicidé. Dans un communiqué officiel, ses proches dont sa compagne Sarah Berger dénonçaient des "ragots mensongers" partagés en masse sur les réseaux sociaux qui avaient entraîné une profonde dépression... puis la mort du gastronome. Et effectivement, un peu plus tôt au mois d'août, sans qu'aucun nom ne soit jamais cité, un cuisinier avait été publiquement accusé d'agressions sexuelles par plusieurs jeunes femmes. Seul à oser le dénoncer quelques semaines plus tard : le site culinaire Atabula. Quid de la vérité ?
Il n'y aura malheureusement pas de procès
Selon les informations de Vanity Fair, Taku Sekine avait "réfuté les accusations contre lui" et "avait affirmé son intention de se battre". Mais il en a pour finir décidé autrement. Pour Franck Pinay-Rabaroust, rédacteur en chef d'Atabula, un sentiment d'injustice persiste. D'autant que son média n'avait jamais hésité à associer le nom du chef aux accusations rédigées en ligne. "La mort de Taku Sekine est dramatique, explique-t-il. Pour sa famille et ses proches avant tout, pour toute une profession qui pleure la disparition d'un jeune chef qui incarnait la nouvelle génération. Les réactions sont à la hauteur de la tragédie, brutales. Il n'y aura malheureusement pas de procès Taku Sekine. Il faut le regretter."
Le nom de Taku Sekine n'est pas arrivé par hasard dans nos articles
Formé dans les cuisines d'Alain Ducasse et d'Hélène Darroze, Taku Sekine apportait un brin de fraîcheur aux palets des plus fins gourmets. Il était responsable de deux établissements parisiens : Dersou, qu'il a ouvert dans 2014 dans le 12e arrondissement, et Cheval d'or, dans le 19e. Mais c'est un goût d'inachevé que laisse sa mort, puisqu'aucune décision judiciaire ne le blâmera ni ne le disculpera. "Le nom de Taku Sekine n'est pas arrivé par hasard dans nos articles, précise cependant Franck Pinay-Rabaroust via Atabula. Depuis 2014, et mes premiers articles sur les violences en cuisine, je n'ai cessé de recevoir des témoignages et des messages en lien avec ce sujet. Des dizaines de noms de chefs ont été cités, avec des accusations parfois bancales, parfois précises. Nous avons su faire le tri. J'ai contacté de nombreuses personnes, dont certaines faisaient partie du premier cercle de Taku Sekine, pour croiser au maximum les informations. À chaque fois, il y avait confirmation des faits reprochés..."