Purepeople : Comment vis-tu ce confinement ?
Tatiana-Laurence Delarue : C'est très particulier parce que je le vis toute seule. Parce que plein de personnes disparaissent ou sont malades autour de nous. Mais je crois que c'est pareil pour la majorité des Français et des gens dans le monde. Donc on ne peut pas se plaindre. On ne peut que se contenter de rester concentré, de souffler, de prier, de ne pas entrer dans une panique. J'essaie de rester équilibrée. Je m'y oblige. Je reste militaire avec moi-même. Je me lève, je me prépare comme si j'allais dehors. Je m'habille. Il est hors de question que je sois en pyjama toute la journée, tous les jours. Je fais mes recherches, mes lectures, ma méditation, mon sport. Tout...
Tu n'es pas confinée avec Xavier, ton mari ?
Non. Sa partenaire dans Les Mystères de l'amour, Carole Dechantre [Ingrid Soustal dans la série, NDLR], a pensé dès le départ qu'elle était atteinte du virus. Elle a fait le test et elle l'avait bien. Vu qu'ils ont tourné ensemble, qu'ils se sont vus un ou deux jours avant qu'elle ne se sente malade, on a préféré se séparer pour ne pas contaminer tout le monde. C'est compliqué, surtout quand on apprend des décès familiaux. Heureusement, il y a le téléphone, WhatsApp, les vidéos pour les dîners, les apéros, même les anniversaires. Sans ça, je pense qu'on prendrait tous le risque d'être avec quelqu'un.
Es-tu restée à Paris ?
Je n'ai même pas eu le temps de fuir ! Bien sûr, au début, j'y ai pensé, je voulais partir au Cap Vert chez une amie. Mais tant mieux. On ne savait pas tout ce qu'il se passait, on ne se rendait pas compte, on ne se projetait pas. C'est le destin. Mais je ne me plains pas. J'ai tellement tout connu, la rue... je ne me plains de rien. J'ai appris la philosophie bouddhiste. Le bonheur est à l'intérieur de nous. Ce temps-là me permet de me recentrer sur moi-même.
Tu as eu l'occasion de sortir ?
Au début du confinement, je n'avais pas de masque. Je craignais énormément pour ma santé et celle des autres. Je m'en fabriquais avec des sacs d'aspirateur, parce qu'ils sont antibactériens, en les scotchant à mon écharpe. Pas à la pointe de la mode, mais pratique ! J'avais commandé des masques, d'ailleurs, mais je ne les ai pas reçus, trois semaines plus tard. Mais je me connais. Dès que je les aurai, je les distribuerai à ceux qui en ont le plus besoin.
Quelle est la première chose que tu feras à la sortie ?
J'ai envie de voir tellement de monde. Ma soeur et ses enfants qui me manquent, qui ne sont pas à Paris. Mais je pense qu'avant tout, j'irai me recueillir dans une église ou au cimetière. Comme on a l'interdiction d'accompagner les malades et les défunts, c'est la première chose que je ferai. J'ai l'habitude d'être un peu plus positive, mais c'est une réalité...
Propos recueillis par Yohann Turi. Toute reproduction interdite sans la mention de Purepeople.