Cinq années se sont écoulées depuis le monumental There Will Be Blood (2007) avec Daniel Day-Lewis, récompensé par deux Oscars et six autres nominations. Fresque grandiloquente et spectaculaire sur l'ascension ténébreuse d'un homme dans une mare de pétrole, le cinquième film de Paul Thomas Anderson était une nouvelle brique posée dans sa brillante carrière, après les mémorables Boogie Nights (1997), Magnolia (1999) et Punch-drunk Love (2002).
Ces cinq années - sa plus longue absence jusqu'à aujourd'hui - marquent aussi le coup du mystérieux The Master, un projet de longue haleine au parfum de soufre. Centré sur la relation ambiguë entre le chef d'un culte religieux (Philip Seymour Hoffman) et un fidèle (Joaquin Phoenix) rongé par le doute dans les années 1950, le film à 35 millions de dollars est considéré par tous comme un récit à peine caché sur la scientologie, une secte popularisée par un certain nombre de stars hollywoodiennes.
Lâché par Universal puis The Weinstein Company en 2009, The Master était récupéré un an plus tard par Annapurna Pictures, la société de production de Megan Ellison, fille du milliardaire Larry Ellison. Conséquence indirecte des pressions exercées par les entités concernées ou craintes autour d'un budget trop élevé, cette production houleuse - le tournage a été repoussé d'un an, Jeremy Renner a abandonné le rôle principal - ne fait qu'attiser la curiosité autour de ce film-fleuve habité par un cinéaste méticuleux et supporté par plusieurs seconds rôles bien sentis - Amy Adams et Laura Dern.
Racheté par Harvey Weinstein pour ce qui est des droits de distribution à l'international, The Master s'est payé une présence au Festival de Cannes 2012 avec la présentation d'une somme d'extraits inédits. C'est la première fois que le film de Paul Thomas Anderson se révèle à la presse, et les premiers échos sont naturellement positifs. L'occasion pour le studio de préparer le terrain d'un film voué à provoquer le scandale et à récolter une pluie de nominations aux Oscars.
The Master sortira le 12 octobre aux Etats-Unis.
Geoffrey Crété