Un tunnel qui s'effondre, un homme coincé sous les décombres dans sa voiture. C'est le point de départ du film catastrophe coréen Tunnel (en salles le 3 mai), qui a brillé au box-office de son pays avec plus de 7 millions d'entrées. Réalisé par Kim Seong-hun – à qui l'on doit le thriller Hard Day présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2014 –, adapté de la nouvelle de So Jae-won, ce long métrage détonne dans le paysage cinématographique en détournant les codes du genre. Le succès du film repose sur son traitement inédit d'un tel cataclysme sur grand écran, refusant la facilité du grand spectacle à tout prix.
"Quand on pense à un film catastrophe typique, on a plutôt une histoire qui se développe en crescendo. Au début, on sent qu'il va se passer quelque chose, puis la situation éclate", a expliqué le cinéaste de 46 ans dans un entretien à l'AFP à Paris. "Moi j'avais envie de prendre les choses complètement à l'envers, c'est-à-dire que dès le départ on voit la catastrophe, et derrière on voit comment cette situation va être dénouée", ajoute-t-il.
Pointant du doigt les excès du rapide développement économique de la Corée du Sud ainsi que ceux des médias avides de sensationnalisme, négligeant parfois la sécurité et les vies humaines, Tunnel brille aussi par son casting réunissant Ha Jung-woo, Doona Bae et Oh Dal Su.
Ha Jung-woo (Mademoiselle, The Chaser) s'est glissé dans la peau de un homme ordinaire plongé dans une situation extraordinaire. Sa lutte pour la survie loin des clichés est crédible car elle est spontanée. L'acteur n'a pas été soumis à une quelconque préparation, laissant son instinct parler. "Pour le personnage principal, j'ai voulu par contraste prendre un acteur qui dégage une énergie très positive, une forme de fraîcheur juvénile. Ha Jungwoo est une personne optimiste, très drôle. Il a cette capacité de jeu très minimaliste. Et je pense que dans un contexte de claustrophobie, c'était l'approche idéale. Il est de ces acteurs qui n'ont besoin d'aucune explication. Sa façon de jouer de son charisme naturel est telle que même dans les scènes les plus sombres et les plus effrayantes, il est capable de provoquer le rire et la sympathie des spectateurs pour son personnage", explique le réalisateur dans le dossier de presse.
Doona Bae (Cloud Atlas, The Host) apporte toute l'humanité et l'espoir possibles au personnage de l'épouse. Entre sérénité et détresse, elle incarne subtilement la femme oppressée par l'attente insoutenable. Le cinéaste revient sur le travail de l'actrice : "C'est peut-être un rôle pour lequel on doit ressentir encore plus de peine que pour le prisonnier des décombres. (...) Un tel rôle correspondait parfaitement aux talents de Doona Bae. Elle ne joue pas, elle n'essaie pas de montrer des émotions, quand elle interprète un personnage, elle l'incarne. Elle ressent ses sentiments. C'est une qualité assez extraordinaire. Je me souviens encore de mon choc en voyant l'angoisse ardente qu'elle a su nous transmettre."
Quant à Oh Dal Su (Old Boy, The Host), il réussit à faire le lien entre la souffrance de la victime et le spectateur, pour la plus grande satisfaction du metteur en scène : "Il incarne à la perfection ce chef de l'équipe de secours doté d'un sens aiguisé du devoir, prêt à tout mettre en oeuvre pour secourir Jung-soo Lee, et déterminé à sauver une personne qu'il ne connaît pas."
Tunnel, en salles le 3 mai 2017