Dans la série des amours scandaleuses de Maha Vajiralongkorn, prince héritier de Thaïlande, le feuilleton vient de connaître un nouveau chapitre tapageur : à 62 ans, le fils du roi Bhumibol Adulyadej, dont l'état de santé inquiète depuis plusieurs années, et de la reine Sirikit vit un troisième divorce, sur fond d'allégations de corruption...
Au mois de novembre, le prince Maha Vajiralongkorn, que la classe politique et la population thaïe ne tiennent déjà guère en haute estime, adressait une lettre au ministère de l'Intérieur requérant que la famille de son épouse soit déchue du nom royal d'Akharaphongpreecha qui lui avait été accordé, en conséquence de l'implication de sept de ses membres dans un énorme scandale de corruption éclaboussant la police. Elle-même a en conséquence officiellement formulé une demande, non motivée mais approuvée par le souverain, auprès des instances compétentes pour abandonner son statut royal, selon l'organe de presse du gouvernement, qui a depuis officialisé, le 13 décembre, le divorce du couple (qui passait pour être séparé depuis quelque temps mais continuait à honorer des engagements publics conjointement). Son mari conserve la garde de leur fils, le prince Dipangkorn Rasmijoti, et elle jouira désormais du titre de "Thanpuying", plus haute distinction possible pour une roturière, selon le Daily News.
Plusieurs proches de la princesse Srirasm, marié au prince héritier depuis 2001 et mère d'un garçon de 9 ans avec lui, ont été arrêtés au même titre que plusieurs agents des forces de l'ordre, et inculpés de chefs d'accusation tels que corruption, extorsion ou encore usage du nom du monarque à des fins de profit personnel. Parmi eux, notamment, figure un oncle de la princesse de 43 ans, haut responsable de la police accusé de s'être grassement enrichi par le biais d'un système de racket. Si l'affaire connaît un grand retentissement en Thaïlande, la probabilité d'en savoir les tenants et aboutissants est faible compte tenu de la loi de lèse-majesté en vigueur, qui rend passible d'une peine d'emprisonnement de 3 à 15 ans l'auteur de critiques à l'encontre du roi, de la famille royale et des affaires de la monarchie - raison pour laquelle la presse nationale a soigneusement évité de souligner le lien de parenté entre les prévenus et celle qui faisait figure de potentielle future reine consort. Un dispositif qui, en outre, empêche de connaître réellement le degré d'approbation de la monarchie parmi ses sujets...
Signes annonciateurs de ce dénouement, la princesse Srirasm n'était plus apparue en activité officielle depuis le 6 décembre, lors du 9e anniversaire de sa fondation en faveur des animaux, la nouvelle de son anniversaire n'avait exceptionnellement pas été célébrée par la cour le 9 décembre, et le lendemain son portrait ne figurait pas avec ceux des autres membres de la famille royale lors du bulletin d'information royal du soir. Destituée de ses titres et de son nom royal, et indemnisée à hauteur de 200 millions de bahts (un peu moins de 5 millions d'euros) par le roi (donc aux frais du contribuable), Srirasmi Suwadee quitte la famille royale à un moment très délicat pour la monarchie thaïlandaise, à l'orée d'une succession qui s'annonce très compliquée entre le roi Bhumibol, très amoindri (plus long monarque régnant, il n'est pas apparu lors des célébrations de son 87e anniversaire le 5 décembre), et son fils, très critiqué. Mais elle ajoute aussi un épisode dérangeant à la collection du prince Maha Vajiralongkorn...
Belle histoire ? Sale fin...
L'histoire du prochain roi de Thaïlande et de Srirasmi Suwadee, devenue son épouse en 2001, avait pourtant des allures de conte de fées pour la ravissante jeune femme : roturière d'origine particulièrement modeste, elle était entrée au service du prince en 1992, à une époque où celui-ci vivait avec sa seconde épouse, l'actrice Yuvadhida Polpraserth, et où il n'avait pas encore réussi à obtenir le divorce d'avec sa première femme, sa cousine germaine Soamsavali Kitiyakara, prononcé en 1993. Près d'une dizaine d'années plus tard, Srirasmi passait de servante à princesse : le 10 février 2001, Maha Vajiralongkorn, deuxième des quatre enfants et seul fils du couple royal, l'épousait dans le plus grand secret au palais Nonthaburi, leur mariage n'étant révélé au public qu'en 2005, alors qu'elle était enceinte de leur premier (et unique) enfant, le prince Dipangkorn Rasmijoti, né le 29 avril de cette même année par césarienne à l'hôpital Siriraj. À cette occasion, celle qui portait jusqu'alors le titre de "Mahidol (surnom royal) na Ayudhya (dénominatif utilisé dans la dynastie chakri pour les descendants non-titrés et les conjoints)" était élevée au rang de princesse de Thaïlande et recevait la titulature d'altesse royale. Quant au jeune prince, il était quelques semaines plus tard la vedette d'une campagne en faveur de l'allaitement initiée par sa mère.
Une frasque de plus...
En novembre 2009, une vidéo très embarrassante avait été divulguée par WikiLeaks. Réalisée en guise de souvenir à l'occasion de l'anniversaire du... caniche adoré du prince héritier, on y voyait la princesse Srirasm filmée topless - quasiment toute nue, en fait - et servile lors des célébrations. Des images de cette vidéo avaient été diffusées en avril 2010 dans un magazine de la chaîne australienne ABC dans le cadre d'un reportage critique sur la monarchie thaïlandaise. D'après une autre révélation de WikiLeaks, émanant d'un membre des Affaires étrangères de Singapour, le prince Maha Vajiralongkorn aurait une addiction pour le jeu, à laquelle un ancien Premier ministre du pays n'était pas étranger.
Avant d'épouser sa servante Srirasmi, l'héritier du trône avait déjà vécu deux mariages mouvementés. Il avait épousé le 3 janvier 1977 sa cousine Soamsavali Kitiyakara, union dont naquit l'année suivante une fille, la princesse Bajrakitiyabha. La relation des deux conjoints se dégrade rapidement, et le prince, malgré le refus de son épouse de divorcer, commence à vivre dès la fin des années 1970 avec Yuvadhida Polpraserth, aspirante actrice qui lui donnera cinq autres enfants (les princes Juthawachara en 1979, Vacharaesorn en 1981, Chakriwat en 1983, Vatcharawee en 1985 et la princesse Sirivannavari Nariratana en 1987). En juillet 1993, Maha Vajiralongkorn obtient enfin le divorce, après avoir fait porter tous les torts à la princesse Soamsavali - qui ne pouvait guère se défendre, au regard de la loi de lèse-majesté. En février 1994, il épouse, au grand dam de la reine, Yuvadhida Polpraserth (qui prend alors le nom de Mom Sujarinee Mahidol na Ayudhaya), par ailleurs promue major dans l'Armée de l'air thaïlandaise. Là encore, l'entente ne dure guère et, en 1996, elle prend la fuite avec trois de ses enfants et part en Grande-Bretagne. Le prince l'accuse alors d'adultère avec un maréchal de l'air - à grand renfort d'affiches placardées autour du palais - et récupère leurs enfants.
La suite au prochain épisode...