"Je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour d'être à la Cinémathèque", a dit Vincent Lindon sur scène, avant de lancer la projection du premier film de sa rétrospective ce 31 mai, Pater, dans l'enceinte de l'établissement cinéphile parisien. Fier, l'acteur primé à Cannes puis aux César pour La Loi du marché n'en est pas moins humble. Deux qualités qui l'ont porté là où il est aujourd'hui. La standing ovation est de rigueur, initiée par Alain Cavalier, le réalisateur du long métrage présenté, qu'il a décrit comme son "papa numéro 2".
"Mes enfants vont se moquer de moi en disant : 'Monsieur Rodin est servi, on lui rend un hommage", s'amuse à dire Vincent Lindon à la Cinémathèque, entouré de ses proches dont son fils Marcel (20 ans) et sa fille Suzanne (17 ans) – la mère de la jeune fille est Sandrine Kiberlain, ex-femme de l'acteur. La modestie nourrit son discours, lorsqu'il déclare notamment : "Je suis juste un à artisan, qui fait du bon travail. (...) Je me vois toujours à la place de mes ennemis. 'Pourquoi on fait un hommage à Vincent Lindon ?'"
Parce qu'il a fait face à La Crise avec sa Petite entreprise, porte bien La Moustache, dénonce La Loi du marché et dit Welcome à Ceux qui restent. Comme les Chevaliers blancs, il ne craint pas Le Chaos qui précède Quelques heures de printemps. Et désormais, il est Rodin pour Jacques Doillon, même s'il a rasé sa barbe fleurie, discrètement et bien après le tournage pour ne pas brusquer le réalisateur Jacques Doillon.
Vincent Lindon remerciera ses proches présents, son frère Sylvain et sa garde rapprochée, comme les attachés de presse et distributeurs avec qui il collabore, ou encore, Françoise, l'épouse d'Alain Cavalier qui est "la nouvelle grand-mère de mes enfants". Au micro, il aura de tendres mots pour sa fiancée et les larmes couleront quand il parlera de Jean Hernandez, figure de l'industrie cinématographique, distributeur et programmateur, décédé en 2017. En effet, la Cinémathèque a diffusé un montage des films qu'il a défendus : "Il a amené des réalisateurs comme Kitano, Kusturica ou Almodovar. (...) Je voulais rendre hommage à Jean qui me manque terriblement."
Puis, la projection de Pater est lancée. On y voit un Vincent Lindon si intime dans un film où se mêle fiction et réalité, que c'en est troublant. "Ça fait trente-cinq ans que je me réveille et que je suis hors de moi", affirme en riant l'acteur à propos d'une scène de cette oeuvre, dans laquelle on ne distingue pas l'acteur de l'homme. Une séance très spéciale qui en annonce d'autres, puisque la star présentera chaque film de sa rétrospective, s'impliquant comme aucun autre artiste.
Samya Yakoubaly
Rétrospective Vincent Lindon à la Cinémathèque du 31 mai au 7 juin.