Si Vitaa évoquait à l'approche des fêtes de fin d'année la perspective prochaine de la vie matrimoniale et de la maternité, sa véritable actualité se trouve pour l'heure du côté des bacs, que son second album, Celle que je vois, a investi dernièrement.
Ce n'est pas sans une certaine fébrilité que l'artiste lyonnaise avait fait son retour vers un public impatient, il y a quelques semaines, en les rassemblant autour d'elle à l'occasion du tournage du clip de son premier single, puis en leur dévoilant le produit fini - un blockbuster !
Femme d'action dans la vidéo d'Une fille pas comme les autres, celle que l'état civil connaît sous le nom de Charlotte Gonin a dû cultiver le retrait, ces deux dernières années, pour ourdir ce nouvel album, bien conscient qu'un second effort est presque plus crucial encore que le premier.
"Mon premier album était très introspectif et très intimiste, et il y a eu un tourbillon médiatique autour de cet album, et moi, j'ai eu besoin de faire une coupure. De partir, de rentrer dans ma ville - parce que je suis lyonnaise - de m'enfermer et de vivre pendant un an et d'écrire, parce que je n'écris que sur ce qui me touche et ce que je vis. J'ai eu besoin de revenir à la vie normale, de redevenir personne, et vraiment de vivre et écrire", avait-elle ainsi confié à nos confrères d'Ozap.com, affirmant par ailleurs s'être évertuée à "emmener l'album plus loin, prendre des risques, proposer des morceaux plus forts". Une dimension que l'on peut symboliquement retrouver dans Tout recommencer, un des titres de ce second opus, qui se projette avec une vibration gospel au-delà de l'apocalypse, lorsque tout est à refaire.
Après Une fille pas comme les autres, un manifeste d'affirmation de soi qui trouve une résonnance dans d'autres tracks tels que le bousculeur Faut pas me chercher ou Maintenant, Vitaa a choisi pour second single Pour que tu restes, ballade mélo-R'n'B pur jus qui rassurera celles de ses fans qui auraient craint que sa facette sensible soit écrasée par son assurance en une féminité moderne et indomptable. Un compromis assumé dans la chanson-titre Celle que je vois. La jeune chanteuse n'abdique pas sa propension à bâtir sur l'intime, comme en attestent par exemple Je ne brûle pas, Je m'attends au pire, Mes actes manqués. Au coeur de l'album, Celui qui te bercera, véritable berceuse effectivement, offre un havre de quiétude inspiré par la perspective d'avoir un enfant, et accouche (c'est le cas de le dire) d'une musique positive, moins torturée que par ailleurs ; autre conséquence, la performance vocale de Vitaa est nettement moins truquée que sur les autres tracks - tant mieux.
Comme un signe de la confiance de l'artiste dans son ouvrage, le titre d'ouverture, Invitaation, étonnamment habité par des arabesques indiennes, est construit sur les titres et les thèmes des chansons comprises dans l'album. Un album qui présente également une nouvelle collaboration de Vitaa avec celle qui lui mit le pied à l'étrier, Diam's (à qui elle adresse d'ailleurs une dédicace discrète dans l'étonnant Faire un tour), en duo pour Voir le monde d'en haut, qui mêle plaisamment modes mineur et majeur, flow fracassant et vocalises, autour de thématiques qui sont chères à la rappeuse ("est-ce que ce monde est sérieux", et ce n'est pas du Cabrel, cette fois). En écho à l'Invitaation initiale, le titre final Quand la lumière s'éteint, qui s'approprie le topos de l'artiste en plein désarroi quand s'éteignent les projecteurs, résonne comme des remerciements de fin de concert - chanson idéale pour la setlist de tournée, une fois que la chanteuse aura achevé son tour de dédicaces, qui la conduit ce 15 janvier... chez elle, à Lyon !