Xavier Dupont de Ligonnès, une interview relance l'affaire : "Il s'est fait berner par sa mère et son épouse"

Le 21 avril 2011, les corps de quatre personnes sont découverts à Nantes : il s'agit des quatre enfants de Xavier Dupont de Ligonnès et de son épouse. Le père de famille est lui introuvable. Depuis plus de dix ans, de multiples spéculations sont ainsi faites sur cet homme qui est le principal suspect de ces terribles crimes. Le magazine Point de vue revient sur l'affaire par le biais de son meilleur ami, Bruno de Stabenrath, qui a écrit le livre L'Ami impossible. Il apporte notamment son regard sur celui qu'il connaît depuis l'enfance.

Bruno de Stabenrath ne cherche pas à trouver des excuses à celui qui a longtemps été son ami. Avec ce qu'il sait personnellement de son vécu, il estime qu'il ne s'agit en tout cas pas d'un coup de folie. "C'est une longue programmation : à partir de 1995, Xavier a l'impression que tout s'écroule autour de lui. D'abord il apprend qu'il s'est fait berner par sa mère et son épouse : il n'est pas un 'élu' et sa femme est infidèle."

En effet, il creuse la relation de Xavier Dupont de Ligonnès avec sa mère, Geneviève Maître. Dans les années 1960, elle a fondé un groupe à caractère sectaire baptisé 'Philadelphie', autour duquel le mystère demeure. Il a ainsi baigné dans un univers mystique jusqu'à ses 35 ans. Âge à partir duquel il a commencé à s'interroger sur sa foi et les "voix" que sa mère disait entendre. Quant à Agnès, son épouse, elle l'a trompé "avec son meilleur ami donc pour lui c'est terrible", écrit Bruno de Stabenrath. Pour autant, il a préféré rester avec elle pour des raisons purement matérielles : "Il a besoin d'Agnès, il a besoin d'argent et puis il ne pourra pas payer une pension alimentaire, il n'a pas les moyens."

Le décès du père de Xavier Dupont de Ligonnès achève la descente aux enfers du présumé coupable. Pour son ami d'enfance, "du vivant de son père, il n'aurait jamais commis cet acte. Il avait trop de respect pour lui et pour la lignée des Ligonnès". Ce serait donc l'accumulation qui aurait pu conduire l'homme à commettre de tels actes : "Ses origines versaillaises, la pesanteur du milieu, l'embrigadement mysticoapocalyptique maternel, une tendance à la schizophrénie, l'adultère de son épouse, le désaveu de son père, puis sa mort." Il aurait alors voulu tout recommencer, aux Etats-Unis par exemple où il a vécu jeune. C'est en tout cas la théorie qu'avance Bruno de Stabenrath dans les colonnes du Point de vue.

Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Point de vue du 10 août 2022

L'Ami impossible de Bruno de Stabenrath, désormais aux éditions Poche, Folio Gallimard