Bien accueilli par la presse, Le Procès Goldman, long métrage de Cédric Kahn sorti le 27 septembre dernier avec Arieh Worthalter et Arthur Harari dans les premiers rôles n'a pas enthousiasmé Christiane Succab-Goldman, veuve de Pierre Goldman, héros de ce film. Elle a décidé de briser le silence pour rétablir sa vérité dans les colonnes du Monde. A l'image de son célébrissime et discret beau-frère Jean-Jacques Goldman, elle avait opté pour le silence durant toutes ces années jusqu'à cette oeuvre sur les écrans. A présent, elle s'exprime sans fard pour dévoiler l'autre visage, intime celui-ci, de ce militant et bandit assassiné en 1979 à l'âge de 35 ans, alors que son épouse allait faire naître leur enfant.
"Si je parle aujourd'hui c'est qu'il y a eu des choses accumulées avec le temps néfastes pour moi et ma famille", explique la documentariste Christiane Succab-Goldman dans Le Monde. Elle avait appris à vivre avec les légendes, les rumeurs et les fantasmes mais Le Procès Goldman semble avoir été la goutte d'eau de trop. Dans ce film, "j'y deviens une vraie fausse moi-même", confie-t-elle. Une colère qui l'a entraînée à assigner le producteur et le réalisateur du film en référé, demande qui a été rejetée le 22 septembre. Elle souhaitait qu'on signale "le caractère fictif de [sa] présence au tribunal ainsi que des propos qu'on fait tenir à [son] personnage" dans le long métrage où elle est incarnée par Chloé Lecerf. Ce qui lui a été refusé. Elle avait d'ailleurs voulu témoigner pour Pierre Goldman mais il s'y était fermement opposé. "Il voulait absolument me préserver de tout ça. C'est déjà une chose qu'on aurait pu respecter", ajoute-t-elle.
C'est obscène
Ce à quoi le journaliste du Monde souligne que la scène rend hommage à la force de l'amour de ce couple. "Pourquoi ne m'a-t-on jamais consultée ? Et je ne parle ici que du film. Parce qu'il vous faut savoir qu'il est arrivé à Cédric Kahn, lors d'une avant-première à Paris, de faire voter à main levée le public pour déterminer qui le pensait coupable et qui innocent. Concernant une affaire qui a la force de la chose jugée, c'est obscène", appuie-t-elle, voulant qu'on ne romance pas sa vie.
Depuis ce 20 septembre 1979, on ne sait toujours pas qui l'a tué, mais Christian Succab-Goldman a fait le deuil de cette question : "Je ne peux pas penser à ça et vivre en même temps. C'est fini. C'est trop tard. On ne saura jamais." Elle ne s'est pas remise de cette mort violente, quelques jours avant la naissance de leur enfant après laquelle elle a vu son appartement sous scellé. Un bébé devenu un rappeur et auteur français qui évolue avec le pseudo Riski.
"Depuis quarante-quatre ans, je fais d'un anniversaire une fête sans penser à la mort. Et c'est cette date-là, précisément, qu'ils choisissent pour sortir ce film", conclut celle que Pierre Goldman a furieusement aimé.