Sous la lumière des projecteurs pour la sortie de son livre autobiographique Une vie incendiée (éditions de l'Observatoire), Emmanuelle Seigner fait aussi face à de nombreuses critiques. En cause, sa défense passionnée devant les caméras de TF1 et Sept à Huit pour son mari, le réalisateur franco-polonaise Roman Polanski. Accusé d'agressions sexuelles par plusieurs femmes et menacé d'extradition aux Etats-Unis pour la fracassante affaire Samantha Geimer de 1977, le cinéaste multiprimé à qui l'on doit Le Pianiste bénéficie du soutien sans famille de son épouse et mère de ses enfants Morgane et Elvis. Si ces arguments sont loin de faire l'unanimité, la comédienne de 56 ans maintient ses convictions dans Le Journal du dimanche, en apportant la nuance qu'elle souhaite, consciente de bousculer certaines personnes. Dans cette interview pour le JDD, elle raconte également ce sentiment de paranoïa qui la ronge...
Je me voyais davantage finir assassinée
Emmanuelle Seigner se présente comme une femme forte, qui assume ses choix et reste fidèle à elle-même. Quand sa famille est bousculée par l'arrestation de Roman Polanski en 2009 à Zurich, alors qu'il devait obtenir un prix dans un festival de cinéma, la soeur de Mathilde Seigner explique ce qui l'a le plus inquiétée : "Je me sens rarement coupable mais j'ai ressenti de la culpabilité vis-à-vis de nos enfants. Ils étaient jeunes et n'avaient rien demandé. Je n'aurais jamais pu prévoir cette arrestation." Elle confie alors avoir toutefois été tourmentée par un autre sentiment, la paranoïa : "Je me voyais davantage finir assassinée. J'ai eu des périodes de paranoïa intense. Je me suis un temps promenée avec un couteau dans mon sac. Tout m'angoissait. Dès que quelqu'un me regardait, je me disais : il veut m'assassiner."
Un lien peut-être avec le terrible drame qu'a subi son mari en 1969, l'effroyable meurtre de Sharon Tate, à l'époque mariée à Roman Polanski et enceinte. Elle a été tuée par des disciples du gourou Charles Manson. Un horrible fait divers qui hante l'artiste depuis toujours. "Jack Nicholson pense qu'il faut remonter à l'affaire Sharon Tate pour saisir l'enchaînement des événements. Un meurtre horrible commis en Amérique et par des Américains. Les médias ont tout de suite accusé Roman Polanski, un Polonais qui faisait des films bizarres. De manière inconsciente, peut-être les médias avaient-ils l'impression de prendre leur revanche avec l'affaire Samantha Geimer. Quand j'ai rencontré Roman, certains me mettaient en garde : attention, il a tué sa femme. La rumeur, le mensonge, la malveillance sont terribles", raconte Emmanuelle Seigner dans le JDD.