Il a fallu beaucoup de courage à Selima Sfar pour enfin témoigner de ce qu'elle dit avoir subi lorsqu'elle n'était encore qu'une enfant. C'est dans une interview accordée au journal L'Équipe que l'ancienne tenniswoman de 46 ans se confie pour la première fois sur les violences sexuelles dont elle aurait été la victime. La Tunisienne originaire de Sidi Bou Saïd a mis longtemps avant de s'exprimer sur ses faits qui remontent à son enfance, lorsqu'elle arrive en France. "On m'a parlé d'une très belle académie à Biarritz avec un des meilleurs entraîneurs du monde, Régis de Camaret, qui entraînait Nathalie Tauziat, etc", raconte-t-elle.
C'est sous les ordres de cet entraîneur réputé, qui a fait les gros titres de la presse à scandale et qui a été condamné à dix ans de prison ferme pour viols et tentatives de viols sur deux joueuses en 2014, que Selima Sfar va s'entraîner. C'est sous les ordres de l'homme de 81 ans aujourd'hui, que la sportive dit avoir vécu le pire. "Quand j'avais 12 ans et demi, j'ai été abusée par Régis de Camaret. Personne ne connaît mon histoire. Tout le monde voit que je viens d'une famille assez aisée, que je vis très bien, que j'ai été la première femme arabe à entrer dans le top 100 mondial, mais j'ai payé un prix 'énormissime'", dévoile la Tunisienne.
À chaque fois, c'était la même chose, j'étais paralysée. Ça a duré pratiquement trois ans
Selima Sfar revient ensuite plus en détail sur les circonstances des faits qu'elle décrit et qui sont aujourd'hui prescrits par la justice française. "Il est venu me chercher à l'aéroport, je me souviens de son survêtement bleu et je suis montée dans sa voiture, une Audi grise. Au milieu du trajet, il était une heure du matin, il s'est arrêté sur le bas-côté et il a commencé à me toucher, à faire des choses", se rappelle celle qui a pris sa retraite sportive en 2011. D'après l'ancienne joueuse, ce n'est que le début de l'enfer : "Je me suis couchée et une heure ou deux heures après, je me suis réveillée pendant qu'il me touchait. Puis c'est passé de l'attouchement au viol, très vite. À chaque fois, c'était la même chose, j'étais paralysée. Ça a duré pratiquement trois ans."
Un témoignage particulièrement difficile à faire pour Selima Sfar, mais l'occasion pour elle de faire avancer les choses. "Le but de cette interview n'est pas de le blâmer. Il a fait sa peine. J'en parle parce qu'il y a encore beaucoup d'abus, pour toutes celles et ceux qui sont victimes. Leur dire que si elles n'ont pas dit non, c'est parce que c'est humainement impossible si on n'a pas les outils pour se défendre. Il faut en parler le plus possible si on peut, oser dire les choses", conclut-elle.
Au moment des procès de Camaret, Selima Sfar affirme être tombée dans une vraie dépression. "vous n'avez pas idée du mal que cela le faisait à chaque fois que j'entendais ça, la honte que j'avais - quand ses parents lui disait qu'elle avait été forte - "ca me confirmait que j'étais lâche et faible".
Pourquoi en parler maintenant ? "J'ai mis 25 ans à me l'avouer, 35 ans à le dire publiquement. Respect à Isabelle Demongeot et toutes les femmes qui ont parlé".
Régis de Camaret reste présumé innocent des nouveaux faits qui lui sont reprochés.