Condamné en première instance à 8 ans de prison, Régis de Camaret a vu sa peine s'alourdir en appel. L'ancien entraîneur écope de 10 ans de prison, malgré ses timides excuses en fin de procès.
"J'ai honte et je demande pardon, c'est tout.", a déclaré l'accusé lors de cette dernière journée d'audience. Ce sont les seuls regrets qu'un Régis de Camaret particulièrement silencieux tout au long des sept jours de son procès en appel aura énoncés. Le premier jour, pourtant, il avait une fois de plus clamé son innocence : "Je n'ai jamais agressé ni violé qui que ce soit."
Un pardon tardif qui n'aura pas convaincu les membres du jury de la cour d'appel de Draguignan, qui l'ont condamné à 10 ans de prison pour les viols aggravés de deux anciennes élèves mineures. Un soulagement pour les nombreuses victimes présentes à l'énoncé du verdict, qui se sont longuement étreintes quand Régis de Camaret restait lui sonné dans son box. "C'est très difficile au crépuscule de sa vie de reconnaître qu'on est un salaud. Jugez-le le moins mal possible", avait demandé lors de sa plaidoirie son avocat Me Eric Dupond-Moretti. Face à lui, l'avocat général Philippe Guemas avait réclamé de "12 à 15 ans de prison", estimant que l'appel de l'ancien entraîneur était "assez sordide", son prix étant "la douleur des victimes", "replongées dans le cauchemar".
Isabelle Demongeot, qui avait lancé la procédure en déposant plainte en 2005, entraînant les révélations d'autres victimes, mais pour qui les faits étaient prescrits, s'est confiée à la sortie du tribunal, au côté des deux seules jeunes filles parties civiles, Stéphanie Carrouget et Karine Pomares. "Les parties civiles et les 'prescrites' sont indissociables. Dix ans, c'est juste, ce verdict est apaisant", a déclaré celle qui depuis tente de reconstruire sa vie. "C'est définitif", a pour sa part souligné Karine Pomares, soulagée que tout soit enfin terminé. Quand à Stéphanie Carrouget, elle a réagit le pardon de Régis de Camaret : "Cette petite prise de conscience, on ne s'y attendait pas du tout, ça fait du bien."
Une fois de plus, ce procès aura donné lieu à de nombreuses révélations scabreuses, à l'image de Marjolaine, qui a raconté comment Régis de Camaret l'avait sodomisée et blessée de manière bestiale à l'âge de 12 ans, et comment ses parents n'avaient alors pas cru à ses déclarations. Ou encore Marion, qui a expliqué dans le détail les attouchements sexuels dès l'âge de 10 ans et les viols à partir de 14 ans. En 2002, elle avait été la première à porter plainte, classée sans suite car les faits étaient prescrits.
Avant de demander pardon, Régis de Camaret avait évoqué des erreurs, comme celle de s'être montré trop familier avec les jeunes filles qui auraient mal interprété ses gestes. Puis il les avait accusées d'avoir menti, avant d'affirmer que c'était un complot.
Ce procès en appel met donc un terme à une longue affaire judiciaire et au calvaire des anciennes élèves, âgées de 37 à 50 ans, venues témoigner. Parmi elles, dix auront évoqué les viols ou des tentatives de viols et douze des attouchements sexuels. Des victimes dont les faits étaient prescrits, mais qui "ont eu le courage de parler" de leurs vies brisées, comme l'a souligné Me Baudoin Dubelloy, l'avocate de Karine Pomares.