C'est une séquence qui a beau remonter à 2010, elle a marqué les esprits. Le temps a passé, et avec le recul, le contexte paraît d'autant plus problématique. Près de 13 ans plus tard, Fary Lopes en première ligne ce jour-là a encore bien du mal à pardonner à Laurent Ruquier son attitude, comme confié à Léna Situations dans son podcast Canapé 6 places. En octobre 2010, alors que l'animateur enregistre une émission d'On n'demande qu'à en rire (France 2), une vidéo circule avant même qu'elle ne soit diffusée le jeudi. Pour rappel du contexte, on assiste à une querelle entre Fary, alors humoriste amateur venu présenter un sketch sur la mixité scolaire, et Jean Benguigui, chroniqueur régulier de Laurent Ruquier.
Après le sketch, l'heure du jugement des chroniqueurs arrive, et Jean Benguigui est loin d'être conquis. Le jeune homme de 19 ans fait alors une réflexion sur "les Noirs qui ont pourtant été dispersés dans le public, cette fois". Car lors du précédent passage de Fary dans l'émission, il lui avait été reproché d'être venu accompagné de quelques amis venus l'acclamer dans le public. Jean Benguigui, qui refuse d'être associé, de quelque façon que ce soit, à des propos racistes, sort de ses gonds face à ce propos qu'il trouve "honteux". Laurent Ruquier joue alors les médiateurs et rappelle que, lors de son dernier passage, le jeune homme est venu avec cinq de ses amis qui, après son sketch, ont quitté la salle sans prendre la peine d'assister aux passages des autres humoristes. Mais Fary nie en bloc, il assure qu'il ne connaît pas ses individus. On l'associe alors à eux simplement sur leur couleur de peau.
C'est un amalgame discriminatoire
Dans le Canapé 6 places de Léna Mahfouf, Fary Lopes est revenu sur cette séquence et ce malaise qui l'a beaucoup marqué. "Jean Benguigui, parce qu'il voit des noirs rigoler, il se dit c'est ses potes, raconte l'humoriste. Ce qui déjà, c'est un truc de fou. [...] Donc moi, la fois d'après, je refais un sketch ça marche plus ou moins bien, et à la fin j'arrive à les attraper, et Jean Benguigui donne sa note, et il se fait un peu huer par le public. Et il dit 'oh ça va la claque' (Une claque, c'est un groupe de complices, qui, mêlés au public, sont chargés d'applaudir aux moments opportuns, nldr). Je dis 'C'est marrant que vous disez ça parce que justement j'ai fait en sorte d'éparpiller les noirs dans le public pour pas que vous pensiez ça'. Il me dit 'Ça, tu n'as pas le droit de dire ça'. Il commence à s'énerver contre moi alors que c'est lui qui est en tort."
"Jusqu'à aujourd'hui, au fond de moi, je lui en veux, de ce moment-là de façon assez intense, révèle alors Fary Lopez en évoquant l'attitude de Laurent Ruquier ce jour-là. Même si on a toujours eu de bons rapports et tout, j'ai toujours gardé ce truc-là. Il prend la parole, je m'attendais à ce que... j'ai toujours été fan de Laurent Ruquier, et là il prend parti pour Jean Benguigui : 'C'est vrai que la dernière fois, il y avait vos amis' et moi je suis en mode wow, vous êtes en train de dire que c'est mes amis parce qu'il y a quatre renois dans le public, c'était fou. Et du coup, j'étais moi le coupable qui faisais semblant que c'était pas mes amis alors que clairement c'était un amalgame discriminatoire. Et jusqu'à aujourd'hui, quand j'y repense, en vieillissant, plus je me dis c'est une dinguerie ce qu'ils ont fait."