Impossible de se remettre d'un tel drame. En 2018, Nicolas Chauvin, 18 ans à peine, avait succombé après un plaquage très violent alors qu'il portait le maillot de l'équipe amateur du Stade français de rugby. Ses parents n'étaient pas présents en tribunes lors de l'incident. Ils avaient appris, par téléphone puis sur place, que le jeune garçon était plongé dans un coma profond sous assistance respiratoire. Il présentait un risque de tétraplégie de niveau haut, avait subi un arrêt cardiaque de 10 minutes pendant lesquelles le cerveau n'avait pas été oxygéné, sa deuxième cervicale avait été arrachée et la moelle épinière été touchée.
"Il ne voudrait pas d'une vie de légume", se souvient son père dans les colonnes du journal Le Parisien Week-end. Quelques heures après l'accident, Nicolas Chauvin se trouvait en mort cérébrale. Les médecins avaient finalement arrêté ses appareils. Aujourd'hui, Philippe Chauvin, son papa, se bat pour faire évoluer les règles du rugby, afin de garantir l'intégrité physique des joueurs. D'autant que l'affaire avait été classée sans suite à l'époque. Il sort un livre, le 5 avril 2023, aux éditions du Rocher, intitulé Rugby - Mourir fait partie du jeu.
Je sais aussitôt la violence du geste
Philippe Chauvin n'a pas assisté à la scène, mais il l'a regardée des centaines de fois en vidéo. "J'avais besoin de voir les images. Et quand je les fais défiler, ce week-end là, je comprends, raconte-t-il. A la cinquième minute, pendant que Nicolas attend, à l'arrêt, le ballon qui vient de lui être envoyé, deux joueurs se ruent vers lui, lancés à près de 20km/h. En rugby amateur, les plaquages sont alors interdits au-dessus du sternum. Pourtant, le premier le touche à la tête. Et le second l'achève : non seulement il ne se baisse jamais pour chercher l'impact plus bas, mais il fait un mouvement de rotation de son épaule, qui heurte de plein fouet le visage de Nicolas. J'entends un cri d'effroi dans les tribunes, je sais aussitôt la violence du geste. Cela n'aurait jamais dû se produire."
Grand espoir du Stade français, Nicolas Chauvin avait la vie devant lui. "La veille du match, avec sa mère, nous l'avons aidé à déménager ses affaires de notre domicile vers son premier appartement, précise Philippe Chauvin. Durant près de deux heures, ce samedi matin, il a monté et descendu des meubles sur cinq étages. Il vit alors le meilleur moment de sa vie, celui de tous les possibles..."
Retrouvez l'interview de Philippe Chauvin dans le journal Le Parisien Week-end du 8 avril 2023.