Créée en 2016 pour les Jeux de Rio 2016, l'équipe olympique des réfugiés a fait son retour aux Jeux de Tokyo 2020, et a été reconduite pour ceux de Paris 2024 et de Dakar 2026 par le CIO. Comme son nom l'indique, cette équipe est composée de réfugiés politiques qui ont la possibilité de participer à la compétition, sans avoir à représenter le pays qu'ils ont quitté. Cette année, 29 ressortissants sont sur la liste, et parmi eux figure le Français Luka Mkheidze. Le judoka, naturalisé en 2018 par le Premier ministre de l'époque Édouard Philippe, ne concourt pas pour l'équipe française mais pour celle des réfugiés olympiques.
Le jeune homme, originaire de Géorgie, a quitté les terres qui l'ont vu naître à l'âge de 12 ans. En 2008, alors que la deuxième guerre d'Ossétie du Sud éclate entre la Géorgie et la Russie, la famille de Luka décide de fuir, pour permettre à celui-ci d'avoir un meilleur avenir que celui que lui offre son pays en guerre. Comme il le révèle au Parisien dans un portrait qui lui est dédié ce samedi 27 juillet 2024, le jeune homme laisse derrière lui sa grand-mère, alors atteinte d'Alzheimer, et ses deux grandes soeurs, qui sont déjà installées.
Luka Mkheidze n'arrive pas tout de suite en France. Le jeune adolescent passe huit mois en Pologne, puis finit par rejoindre Paris en 2010. Il devient, aux côtés de ses parents, réfugié politique. C'est alors qu'il se découvre une passion pour le judo, passion qui lui permettra de rester en France et d'obtenir par la suite sa naturalisation. Comme il le confesse au Parisien, Luka Mkheidze doit sa vie à la France : "Mon intégration en France, je la dois au judo. J'étais timide, je parlais mal le français, alors à l'école j'évitais de parler pour ne pas qu'on se moque de moi. Au judo, je me suis fait des amis" relate le jeune vingtenaire.
Et de poursuivre, ému : "Je suis reconnaissant envers la France, et c'est important de le dire. Je ne sais pas ce que serait ma vie si j'étais resté en Géorgie, mais je sais ce que je dois à la France." Aujourd'hui, ses parents sont pleinement installés en France : son père travaille dans un laboratoire dentaire, et sa mère aide les personnes âgées. Mais cette intégration n'est pas faite sans difficultés... L'une des plus importantes qu'a rencontrée Luka Mkheidze est le deuil à distance qu'il a dû faire de sa grand-mère. Cette dernière est décédée en Géorgie quatre ans après son départ, en 2016, mais il n'a malheureusement pas pu aller la voir une dernière fois, étant à ce moment-là en situation irrégulière sur le sol français...
"Elle était atteinte de la maladie d'Alzheimer, on lui téléphonait, mais elle ne nous reconnaissait pas toujours. Quand elle est morte, étant donné qu'on était dans une situation irrégulière en France, on n'a pas pu aller à son enterrement" se rappelle le jeune homme. Pour arriver en France depuis la Pologne, Luka Mkheidze révèle aujourd'hui que ses parents sont entrés en contact avec des passeurs : "On n'obtenait pas de papiers, on a fini par entrer en contact avec un passeur (...) On a eu la chance de tomber sur une très belle personne, qui nous a hébergés une nuit, avant de nous déposer à l'adresse que nous lui avions indiquée". Arrivé en France, le père de Luka l'inscrit aussitôt dans un club de judo... Coïncidence : ce club de judo, c'était aussi celui d'un certain... Teddy Riner, qui a allumé ce vendredi 26 juillet la vasque olympique aux côtés de Marie-José Pérec. La suite, on la connaît.