Le réalisateur Christophe Honoré a réagi à l'avertissement qu'une chaîne de télévision russe a reçu pour avoir diffusé son long métrage, Les Chansons d'amour, dans lequel on peut voir des scènes d'amour dites "non traditionnelles''. Dans un communiqué transmis à l'AFP le 19 septembre, le cinéaste français a déclaré : "Passée la stupeur face au caractère insensé de ce genre de nouvelle, la censure qui frappe mon film m'inquiète sur le climat d'homophobie d'Etat qui règne en ce moment en Russie", écrit le cinéaste actuellement en répétition à Lyon pour Dialogues des carmélites, sa première mise en scène de théâtre.
Selon The Hollywood Reporter, la chaîne Evrokino a reçu un avertissement de la part du Rokomnadzor, service fédéral de contrôle de l'information et des médias, pour avoir diffusé Les Chansons d'amour, film musical qui raconte l'histoire d'un ménage à trois bouleversé par un deuil. D'après THR, "c'est la première fois qu'une chaîne russe se voit infliger un avertissement pour avoir montré des relations entre personnes du même sexe" depuis l'entrée en vigueur fin juin en Russie de lois controversées punissant tout acte de "propagande" homosexuelle devant mineur.
"Je crains que s'il s'obstine à effacer de leurs écrans tous films montrant 'des relations sexuelles non traditionnelles', le régime russe risque de priver sa population de tout un pan de la production cinématographique mondiale", conclut Christophe Honoré.
Par ailleurs, La Vie d'Adèle, film palmé d'or d'Abdellatif Kechiche avec Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos sur une passion amoureuse entre deux jeunes femmes, devrait sortir le 7 novembre en Russie, a indiqué jeudi à l'AFP Brahim Chioua, directeur général de Wild Bunch et producteur et distributeur du film, malgré les lois homophobes en vigueur.
Selon la loi, la "propagande des relations sexuelles non traditionnelles devant mineur" est passible au minimum d'amendes de 4 000 à 5 000 roubles (100-125 euros) pour une personne physique. Les sanctions plus sévères si cette propagande est effectuée sur Internet. Les entités juridiques pourront être fermées jusqu'à 90 jours. L'homophobie est largement répandue en Russie, où l'homosexualité était considérée comme un crime jusqu'en 1993 et comme une maladie mentale jusqu'en 1999.