C'est un témoignage bouleversant. Suite à la lettre publiée par Télérama, écrite par Adèle Haenel, qui annonce l'arrêt de sa carrière dans le cinéma, de nombreuses actrices ont réagi. En effet, la comédienne dénonçait, entre autres, "la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels". Une prise de parole soutenue par Vahina Giocante.
L'actrice de 41 ans a en effet publié un long message sur ses réseaux sociaux, dans lequel, elle révèle avoir, elle aussi, été agressée sexuellement. À la différence que pour elle, l'agresseur n'était pas un producteur ou un acteur, mais bel et bien son père. "Comme [Adèle Haenel] aussi et comme tant d'autres, j'ai été sexuellement abusée enfant, à la différence que c'était par mon père, a-t-elle révélé. J'ai commencé comme elle à être exposée devant une caméra lorsque j'étais enfant. J'avais ce même regard endurci par l'épreuve, le regard de celui qui survit, qui fait appel à sa force intérieure pour ne pas s'écrouler."
La vérité a un prix : celle de perdre une partie des gens que l'on aime et qui refuse l'évidence.
Dans son message poignant, Vahina Giocante décrit les sévices qu'elle a subis. "J'ai découvert ce que c'est que l'inceste aussi tôt que mes souvenirs commencent, jusqu'à mes 11 ans. J'enchaînais les tournages et en parallèle, je portais plainte contre [mon père] à l'âge de 17 ans pour protéger mes plus jeunes soeurs (je n'ai réussi à en épargner qu'une sur deux)", indique-t-elle, révélant que son père a été "condamné 'coupable'. "Une certaine reconnaissance, mais pas vraiment de soulagement. La vérité a un prix : celle de perdre une partie des gens qu'on aime et qui refuse l'évidence", ajoute l'actrice.
Vahina Giocante souhaite aujourd'hui briser le silence : "Il n'y a pas de plus grand tabou que la pédophilie ou l'inceste, parce qu'elle est insupportable à entendre et à imaginer et qu'il est plus facile de faire taire la voix tremblante qui s'élève que de se pardonner son impuissance ou de faire face à notre culpabilité collective, notre échec à protéger l'innocence de l'enfance. Je suis enfin prête à entendre la douleur d'autres enfants intérieurs qui hurlent et de leur tendre la main avec une infinie douceur pour qu'ils sortent eux aussi du placard et qu'eux aussi, ils puissent se baigner nus à la lumière du jour."