Maître Laurent Boguet a pris la parole dans les médias pour faire état de l'avancement de l'affaire Delphine Jubillar. L'avocat défend les droits de deux enfants de l'infirmière du Tarn, mais s'il avait précédemment voulu mettre au centre la situation difficile dans laquelle vivent les enfants sans accabler leur père, Cédric, cette fois, son discours est plus radical.
Cédric Jubillar est le suspect principal dans la disparition de Delphine, infirmière du Tarn qui est aussi mère de deux enfants, Louis, 7 ans, et Elyah 3 ans. En détention provisoire pour homicide par conjoint, le peintre-plaquiste de 34 ans ne cesse depuis qu'il est en prison de clamer son innocence par la voix de ses avocats. À sa sortie de l'audience de la chambre de l'instruction (Chins), ce 28 juin 2022, à la cour d'appel de Toulouse, qui examinait une possible libération conditionnelle de l'artisan, l'avocat a donné à Actu Toulouse son point de vue sur l'affaire, chargeant le père de ses deux jeunes clients.
Selon lui, la dispute qui tourne mal sur fond d'adultère ne doit pas être la seule hypothèse : "En parallèle, on voit que Cédric Jubillar a eu recours à une forme de violence, avant cette soirée. Il avait mis en coupe réglée les activités de Delphine pour vérifier si elle avait ou pas un amant. Il y a eu un travail de la part de Cédric Jubillar pour essayer de confondre Delphine sur son infidélité présumée et les raisons pour lesquelles elle l'aurait fait."
Dans le podcast du Parisien dédié à l'affaire, le journaliste Ronan Folgoas expliquait comment l'artisan-plaquiste a tout fait pour traquer les faits et gestes de Delphine Jubillar. "Il est question de passage dans des hôtels, de trajets en voitures qui ne collent pas tout à fait avec son emploi du temps, de location d'une chambre Airbnb. Cédric Jubillar s'était rendu compte de tout ça à ce moment-là. Il avait constaté que Delphine passait beaucoup de temps les yeux rivés sur son téléphone. Elle avait modifié son code d'accès à son smartphone, comme si elle voulait protéger quelque chose", décrit l'expert de l'affaire Jubillar. En effet, Cédric Jubillar voulait manifestement traquer ses moindres faits et gestes, et plus particulièrement ses déplacements. Ainsi, il avait installé en douce une application de géolocalisation sur son téléphone. De quoi s'assurer qu'elle allait au travail et non pas voir son fameux amant de Montauban en catimini.
Un mobile fondé sur fond de vécu abandonnique
Les conclusions du psychiatre qui a vu deux fois longuement Cédric Jubillar en prison mettaient notamment en valeur le fait qu'il vivait mal la fin de son mariage : "la fin d'une vie de famille à laquelle il tenait beaucoup, peut-être un moment d'effondrement personnel. Dans cette hypothèse, il aurait pu agir dans un moment de colère projective, refusant ce sentiment d'échec." Pour maître Boguet, cela prouve que "le profil de l'intéressé est compatible avec un mobile fondé sur fond de vécu abandonnique". Savoir qu'elle s'apprêtait à partir fonder un nouveau foyer avec un autre pourrait donc avoir motivé le présumé coupable à commettre l'irréparable.
Dans un premier temps, Cédric Jubillar avait nié savoir que sa femme avait un amant. Mais les investigations ont montré qu'il était au courant, notamment avec les révélations d'un ex-codétenu. Selon les explications recueillies et répétées par Marco, son ancien voisin de cellule, le dernier soir où Delphine Jubillar a été vue vivante, Cédric serait allé la rejoindre pour récupérer son chargeur de téléphone mais aurait alors "pété un câble" en voyant son épouse plongée dans son téléphone. Il aurait d'abord vu un message de l'amant de sa femme avec qui elle textotait, relate le codétenu. Il a pris son téléphone des mains et a vu les messages. "C'est ça qui l'a fait vriller", indique l'ex-codétenu.
Cédric Jubillar reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.