Depuis son incarcération en détention provisoire au mois de juin 2021, Cédric Jubillar nie être le coupable dans la disparition de sa femme Delphine Jubillar. Ses avocats s'indignent que leur client reste derrière les barreaux alors qu'aucune preuve n'a été présentée à l'encontre du peintre-plaquiste. Pour les juges d'instruction, l'époux de l'infirmière du Tarn n'a pas livré tous ses secrets et elles ont demandé une expertise psychiatrique. Elle vient d'être versée au dossier judiciaire, Le Parisien en a dévoilé plusieurs passages déroutants sur la personnalité complexe de ce suspect numéro 1. Le médecin a tiré les conclusions de ses deux entretiens avec lui, afin d'aider au mieux la justice face à ce coupable présumé qui est "bien accessible à une éventuelle sanction pénale" et "qui n'était atteint d'aucun trouble psychique ayant aboli son discernement au moment des faits".
Au cours de deux interrogatoires réalisés une première fois en juillet 2021 puis en octobre de cette même année, un portrait précis de Cédric Jubillar, amour de jeunesse de Delphine née Aussaguel, mari depuis 2013 et père de leurs deux enfants Louis et Elyah, est révélé. Pour le psychiatre, il est doté d'une "intelligence normale" et "s'adapte sans cesse à son interlocuteur". S'il se montre parfois "coléreux", il est aussi capable d'être "rapidement séducteur". Son "intelligence des enjeux relationnels" est manifeste et il paraît "peu déstabilisable". Concernant les faits qu'on lui présente à propos de la disparition brutale de sa femme dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, il ne laisse voir "aucun sentiment de culpabilité", "nie avoir pu attenter à la vie de son épouse et ne comprend pas pourquoi il est mis en cause".
Le travail du psychiatre est aussi d'envisager l'hypothèse de sa culpabilité, que les avocats des parties civiles défendent au regard des témoignages des proches de la jeune femme âgée de 33 ans. Pour l'expert, le passage à l'acte pourrait s'expliquer par "sa personnalité, son besoin de contrôle et de maîtrise associés à un sentiment d'échec peu élaborable au regard des cicatrices psychiques laissées par sa propre histoire". L'artisan avait d'ailleurs fait part des malheurs de son enfance, malgré une mère très attachée à lui : père absent et beau-père avec qui la relation était conflictuelle.
Enfin, le spécialiste explique dans sa lettre de mission le poids du divorce sur le couple : "la fin d'une vie de famille à laquelle il tenait beaucoup, peut-être un moment d'effondrement personnel. Dans cette hypothèse, il aurait pu agir dans un moment de colère projective, refusant ce sentiment d'échec." Le couple battait de l'aile d'après tous les témoignages, même si Cédric Jubillar - par pure provocation ? - a pu prétendre le contraire. Son épouse subissait sa relation conjugale et décrivait sa vie comme celle d'une "Bidochon". Elle s'était projetée dans une autre histoire d'amour quelques mois avant sa disparition.
Cédric Jubillar reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.