Cela fait trois ans et demi que son épouse avec qui il était en instance de divorce, Delphine, infirmière et mère de deux jeunes enfants, n'a pas été retrouvée, et trois ans que Cédric Jubillar, peintre-plaquiste de Cagnac-les-Mines, est en détention provisoire dans l'aile la plus sécurisée de la maison d'arrêt de Seysses, près de Toulouse. La cour d'appel de Toulouse reprend la main jeudi 20 juin 2024 dans l'affaire de sa disparition, examinant à la fois le résultat de nouvelles investigations et le renvoi aux assises du mari, seul suspect dans ce dossier.
À la suite d'une conversation suspecte entre un détenu de la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) et sa mère évoquant l'affaire, la cour d'appel avait ordonné en février d'explorer cette éventuelle nouvelle piste dans l'enquête sur la disparition de Delphine Jubillar. "Les vérifications ont été faites et cela n'a rien donné. Les conclusions ont été remises aux juges d'instruction en avril", a fait savoir à l'AFP une source proche de l'enquête.
Le 21 novembre dernier, les juges d'instruction avaient décidé de renvoyer Cédric Jubillar devant la cour d'assises du Tarn, pour y être jugé pour meurtre. Elles le soupçonnent d'avoir tué sa femme et d'avoir fait disparaître le corps. Depuis cette disparition qu'il a lui-même signalée aux gendarmes, Cédric Jubillar clame son innocence. Ses avocats ont demandé maintes fois sa mise en liberté, mettant en avant qu'il n'y avait pas de preuves irréfutables de sa culpabilité, des recours systématiquement rejetés. Dans cette affaire sans corps, ni aveux, ni témoin, ni scène de crime, les enquêteurs ont cependant la conviction que Cédric Jubillar est l'auteur du crime.
Une thèse remise en cause par le journaliste spécialisé dans les affaires judiciaires à La Dépêche du Midi, Frédéric Abéla, qui a couvert avec assiduité le dossier et sort le livre Jubillar, l'enquête inachevée (édition La Dépêche). L'avocat maître George Catala, qui a signé la préface, estime dans les colonnes de La Dépêche du Midi que ce coupable présumé peut très bien être acquitté après son procès en 2025 : "Dans un procès similaire où j'ai eu à défendre, je me souviens que comme pour l'affaire Jubillar, l'avocat général était convaincu de la culpabilité de l'accusé, tout comme sans doute le président de la cour d'assises, même s'il feignait d'avoir un avis. Mais leur intime conviction n'a pas suffi : il n'y avait pas les éléments nécessaires à charge, et il y a eu acquittement. Donc selon moi, ce procès va se jouer à rien. Sauf s'il y a des rebondissements bien sûr."
Depuis trois ans en prison, Cédric Jubillar serait encore en prison pour une raison qui va au-delà de la recherche de preuves manifestes. Un homme qui, outre son métier, était aussi particulièrement décrié par les proches de la disparue par son comportement et son tempérament. Selon maître Catala, si le suspect numéro 1 avait un autre CV que plaquiste, aurait-il connu un sort différent ? Cela lui semble difficile à imaginer mais pourtant, il le suppose.
Cédric Jubillar reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à clôture du dossier.