Mediapart a dévoilé ce 10 mai 2022 son numéro spécial d'À l'air libre, émission choc sur l'affaire PPDA. Sur le plateau, 20 femmes ont parlé publiquement, ensemble, sur ce scandale. Elles sont revenues sur leur démarche d'avoir témoigné devant la justice contre l'ancien présentateur star de TF1 aujourd'hui âgé de 74 ans, Patrick Poivre d'Arvor. Parmi elles, il y en a deux qui déclarent avoir été mineures lors des agressions dont elles accusent le journaliste d'être l'auteur.
Margot Cauquil-Gleizes, enseignante, a pris la parole avec émotion, rapporte Le Parisien : "C'est la première fois que je témoigne publiquement (...). Être ici aujourd'hui, à visage découvert, est une façon de lui dire que je n'ai pas peur et que je maintiens mon témoignage, à savoir qu'il m'a violée quand j'avais 17 ans et m'a agressée sexuellement dans son bureau à l'âge de 24 ans."
Face à la rengaine que les victimes ne cessent d'entendre, "pourquoi avoir attendu tout ce temps", elle répond avoir voulu sortir de l'anonymat en réaction au dépôt de plainte déposée le 26 avril par l'ancienne star du JT pour dénonciation calomnieuse contre 16 des 22 femmes qui ont témoigné contre lui auprès de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Caroline (prénom d'emprunt), elle, avait 16 ans lorsque PPDA a abusé d'elle, en juin 1988. Elle a choisi de participer à l'émission de dos pour ne pas être reconnue. "Je suis dans un entre-deux professionnel qui est assez délicat. Mon entourage, à part les très très proches, personne n'est au courant de mon histoire. Quand j'avais 16, 17 ans, j'ai essayé de parler...", commence par dire la jeune femme. "Je n'ai pas envie que le regard des gens qui me côtoient change sur moi", ajoute celle qui justifie de parler de façon masquée.
En février 2021, l'écrivaine Florence Porcel avait porté plainte pour viol contre PPDA. Ce premier recours en justice a été classé sans suite en raison d'une "insuffisance de preuves". Cependant, une nouvelle plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d'instruction de Nanterre a conduit à l'ouverture d'une information judiciaire sur des faits présumément commis à partir de 2009, et qui ne sont pas prescrits. Deux nouvelles plaintes pour agression sexuelle et viol ont été enregistrées fin décembre pour des faits en 1985 et 2013. Et une autre fin avril. Seize femmes, pour le moment, ont porté plainte contre Patrick Poivre d'Arvor, dont 6 pour viol.
Si l'opinion publique a découvert un autre visage de celui qui trônait dans tous les téléviseurs auparavant, la journaliste Stéphanie Khayat a voulu tempérer le statut de paria dont PPDA serait victime et a souligné son indécente absence de gêne dans une interview pour le magazine Elle.
Patrick Poivre d'Arvor est présumé innocent des faits qui lui sont reprochés.