Depuis l'enquête terrible du New York Times et les faits relatés dans le New Yorker, la parole de nombreuses victimes du producteur Harvey Weinstein a été libérée. Des stars américaines, mais aussi françaises comme Emma de Caunes, Judith Godrèche ou encore Léa Seydoux ont brisé l'omerta qui pesait sur Hollywood depuis plus de trente-cinq ans. Invitée sur LCI pour réagir à l'affaire, Flavie Flament, qui a récemment accusé le photographe David Hamilton de l'avoir violée à 13 ans, a pointé du doigt la responsabilité de chacun.
Interrogée par David Pujadas dans son émission 24h Pujadas, mercredi 11 octobre, Flavie Flament n'a pas mâché ses mots : "Je salue la libération de la parole et cet effet boule de neige : la parole amène la parole. Cette idée aussi que plusieurs femmes se regroupent et parlent d'une seule voix, c'est quelque chose qui est important. Néanmoins, ce que j'entends aussi, c'est qu'il y avait des signaux. Il y avait quand même des rumeurs, il y avait quand même du qu'en-dira-ton, il y avait quand même des signaux qui alertaient. Et je pense que ces signaux, on ne veut pas les voir, on ne veut pas les attendre, on a une tendance à les écarter. Et c'est ainsi que des prédateurs continuent, allègrement, à méfaire et à faucher des devenirs." Dans l'affaire Weinstein, certaines actrices ont, en effet, affirmé avoir été prévenues qu'il fallait faire attention au producteur, c'est le cas de Jessica Chastain, d'autres ont alerté leurs consoeurs après une mauvaise expérience, comme Angelina Jolie. En revanche, Meryl Streep affirme n'avoir "jamais rien su", dans un communiqué, quand s'accumulent pourtant les témoignages qui laissent à penser que les abus sexuels commis par Harvey Weinstein étaient un secret de polichinelle.
C'est exactement ce qui révolte Flavie Flament : "On ne veut pas voir ces signes d'abord parce que ce sont des personnages puissants, il y a le pouvoir de l'image artistique. On irait pardonner des artistes qui sont des violeurs au motif qu'ils auraient un certain génie ? Déjà, ça, c'est quelque chose qui m'offusque et qui me scandalise. D'autant plus que je l'ai vécu, moi", affirme l'animatrice de RTL alors que le débat est relancé en France par la dernière couverture des Inrockuptibles qui met à l'honneur Bertrand Cantat.
À partir du moment où l'on voit un vieux photographe qui se balade tout nu avec des gamines de 13 ans...
David Pujadas évoque enfin alors les parallèles entre les victimes d'Harvey Weinstein, notamment de jeunes assistantes ou actrices, et celles du photographe David Hamilton, de jeunes modèles comme l'a été Flavie Flament : "David Hamilton ou Harvey Weinstein, à partir du moment où on commence à entendre dire qu'il y a un doute, un risque d'agression sexuelle, de viol. À partir du moment où l'on voit un vieux photographe qui se balade tout nu avec des gamines de 13 ans, je pense que l'opinion doit s'alerter. Je pense qu'on est tous responsable d'une sorte d'aveuglement, parce que regarder la vérité en face, c'est se confronter à de nombreuses interrogations quant à notre responsabilité, celle de la société et celle aussi des pouvoirs."
Depuis la publication du papier du New York Times, Harvey Weinstein, fondateur de Miramax en 1979 et de The Weinstein Company en 2005 a été évincé de cette dernière par son propre frère, Robert. L'Académie des Oscars devrait faire de même. Son épouse l'a quitté par communiqué de presse. Rappelons que Flavie Flament a raconté son viol dans un livre, La Consolation, paru il y a un an, sans donner le nom de son agresseur. Son témoignage a toutefois libéré la parole d'autres victimes encourageant l'animatrice à confirmer que c'est bien du photographe David Hamilton dont elle parlait. Dans la foulée, le 23 novembre 2016, Hamilton était retrouvé mort à son domicile parisien. La thèse du suicide est privilégiée.