
C'est un documentaire qui lui tenait à coeur. Mohamed Bouhafsi a décidé de parler de la banlieue sous toutes ses coutures à travers le film La banlieue, c'est le paradis diffusé mardi soir sur France 2. Lui qui a grandi dans la cité des Francs-Moisins, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), a souhaité faire changer le regard sur ces communes aux limites de Paris, qui ont des bons comme des mauvais côtés.
Entre visite des lieux de l'enfance du chroniqueur de C à vous et archives pour retracer l'histoire des banlieues, il a aussi recueilli des témoignages de personnalités publiques connues telle qu'Anne-Elisabeth Lemoine, arrivée en grande banlieue à l'âge de huit ans.
"Je ne me souviens pas du tout d'avoir été malheureuse, mais c'est à l'adolescence que c'est devenu... Pas une prison, mais j'avais l'impression que l'horizon était limité et que c'était une lutte pour élargir cet horizon", explique-t-elle face à Mohamed Bouhafsi. Et d'étayer ses propos : "Quand on n’a pas de permis, quand on n’a pas d’argent, quand on est loin de là où ça se passe. Ce sentiment d’être un peu à l'écart. A Champagne-sur-Oise, t'as pas mille choses à faire. Avec ma sœur on prenait le train jusqu'à Pontoise et le grand truc c'était d’aller au centre commercial. C'était wouah !"

Je me suis fait agresser un nombre de fois incalculables
Anne-Elisabeth Lemoine s'est aussi souvenue d'une certaine insécurité ambiante et a révélé avoir déjà été agressée dans les transports. "Je me suis fait agresser un nombre de fois incalculables dans mes trajets. Je me souviens très bien de types qui me suivaient depuis Saint-Rémy-lès-Chevreuse jusqu'à la Gare du Nord. T'as peur, tu vois le wagon se vider, tu as deux garçons qui sont en groupe, tu dis : 'ok, ça c'est pour moi'. Ils vont se rapprocher, te demander comment tu t'appelles, à avoir des gestes ultra déplacés, à te coincer dans un coin..."
La "stratégie" d'Anne-Elisabeth Lemoine était alors de se rapprocher de la cabine du conducteur afin d'obtenir de l'aide. "Moi j'ai 15 ans, 16 ans. Je ne sais même pas si j'en ai parlé à mes parents, je ne sais même pas si j'ai imaginé que je pouvais porter plainte. C'était juste des stratégies pour faire en sorte que je reparte à peu près habillée, sans m'être fait voler quoi que ce soit... Et vivante quoi".