Ce n'est pas la première fois qu'elle se livre sur son sombre passé. Agnès b., talentueuse créatrice de mode française que l'on ne présente plus, est aujourd'hui âgée de 75 ans mais se souvient avec précision de cette douloureuse enfance qui est la sienne. Qui lui a été dérobée contre son gré.
Victime d'inceste et violée par "l'oncle chéri de la famille", comme elle le décrit elle-même ce jeudi 7 mars dans les colonnes de Marie Claire, la styliste a accepté de se confier une nouvelle fois sur son histoire personnelle à l'occasion d'un dossier spécial consacré aux viols sur mineurs. Sylvie Le Bihan ou bien encore Flavie Flament ont également livré leur éprouvant récit.
En mars 2016, Agnès Troublé (de son vrai nom) avait pris place dans Le Divan de Marc-Olivier Fogiel pour raconter ces agressions sexuelles vécues sous les griffes d'un oncle qui "l'aimait trop". Dans Marie Claire, elle s'est remémoré le manque de considération de sa famille, et notamment de sa mère qui a fermé les yeux sur ces viols. "Il avait 45 ans. Il est tombé fou amoureux de moi, qui en avais 12. (...) Quand on est petite et que la personne qu'on admire et respecte pratique des attouchements, un gouffre s'ouvre, on n'a plus jamais confiance. Cela a marqué ma vie et changé mes relations avec les hommes pour toujours", raconte-t-elle.
Agnès b. explique en effet ne jamais avoir "eu d'amant de plus de 39 ans" au cours de sa vie. Et cela ne changera pas. "J'ai 75 ans. Je ne supporte pas les hommes mûrs, je ne peux pas imaginer la moindre relation physique avec eux. C'est fou, cela a ruiné ma vie", poursuit-elle dans son récit.
Les années ont passé. Il y a seulement douze ans, Agnès Troublé avait "écrit en deux jours" l'histoire de son film, Je m'appelle hmm... (sorti en 2012), l'histoire d'une fillette abusée par son père qui décide de prendre la fuite. "Mon film est un manifeste, le tourner a été un exorcisme", ajoute-t-elle. Aujourd'hui, elle milite pour "que l'on recule la prescription", afin que les victimes mineures aient davantage de temps pour dénoncer leur bourreau. "Chaque cas est particulier mais, qu'on le fasse ou non, on doit pouvoir porter plainte même longtemps après. On ne protège pas assez les jeunes filles", déplore-t-elle.
"Viols sur mineurs. #JamaisTropTard", dossier et témoignages publiés dans le magazine Marie Claire, en kiosques le 7 mars 2017