Purepeople : Dis-nous-en plus sur ton nouvel album Plein Soleil
Agustín Galiana : Plein Soleil, c'est un album de reprises. Ce sont des chansons que j'aime. Beaucoup m'ont accompagné à mon arrivée en France, il y a sept ans et demi. Je ne parlais pas le français. Pour habituer mon oreille à la langue, j'allais quatre ou cinq fois par semaine au cinéma et j'écoutais beaucoup de musique. Quand on a pensé à faire cet album, j'ai voulu mettre des titres auxquels je suis attaché. Pour le côté espagnol, ce sont des standards de mon pays que je voulais faire découvrir.
Est-ce que tu estimes avoir fait des choix risqués ? Tu as notamment mélangé L'amour à la plage à Paris Latino...
Oui ! Mais je trouve qu'on a fait des mélanges cohérents. Paris, c'est la ville qui m'a accueilli ! Alors c'était une évidence. Quand on me l'a proposé, j'étais déçu de ne pas avoir eu l'idée moi-même. Évidemment que j'ai pris des risques. J'ai repris Piensa en mi, une chanson tellement associée au film Talons Aiguilles qui n'a jamais été chantée par un homme. Mais c'est intéressant aussi de montrer sa fragilité. J'ai envie de casser l'image de l'homme brut, macho, insensible qu'on nous impose.
Est-ce que tu vas pouvoir monter sur scène pour représenter cet album ?
Oui, évidemment. Les concerts ont d'abord été reportés. Mais je monte le 10 octobre à Boulogne-sur-Mer et je vais lancer les premières dates de la tournée Plein Soleil. Pour l'instant, les salles sont d'accord. Heureusement, j'avais envie de faire des concerts très intimes, face à un public de 500 ou 600 personnes. On respectera bien les distances de sécurité et les gestes barrières, évidemment.
Comment vis-tu le fait d'être loin de l'Espagne et de tes proches ?
J'ai passé tout le confinement en France. Je suis resté à Paris du 13 mars au 30 mai 2020. Quand on a rouvert les frontières, je suis enfin parti. J'ai passé deux mois en Espagne qui m'ont fait énormément de bien. Ça faisait quinze ans que je n'étais pas autant resté ! J'y retourne plusieurs fois par an, mais pas plus de trois ou quatre jours. J'ai pu me ressourcer, recharger mes batteries. L'éloignement, en temps normal, je le vis bien. Je suis parti de chez moi à 18 ans, je l'accepte. Je suis habitué à gérer ma vie tout seul.
Est-ce que tu estimes que tu as plus de succès en France qu'en Espagne ?
Ah oui évidemment, et j'en suis très content ! La France est un pays beaucoup plus exigeant que les autres pays européens. Le fait d'être adopté par le public et le métier m'honore ! C'est la France qui m'a rendu légitime. C'est le plus grand cadeau qu'on m'ait fait dans la vie. En Espagne, j'ai travaillé pendant huit ans à la télévision, j'ai fait plusieurs séries, j'ai tourné dans Un Dos Très. Je faisais du théâtre, j'avais deux albums... Mais quand la crise économique s'est installée, j'ai arrêté de travailler pendant quatre ans. Je n'avais plus d'argent. Je ne trouvais même pas de job dans une boutique ! Je me suis dit que si je restais, j'allais crever. J'ai un ami qui m'a logé à Paris et c'est comme ça que j'ai pu y arriver. Je ne parlais pas un mot, j'avais 1000 euros en poche, c'était très compliqué.
Et tu voudrais donc devenir officiellement français...
La nationalité, je vais la demander parce que je veux pouvoir voter. Je paie mes impôts en France, ma vie, elle est ici. Je veux avoir la main sur ça, je veux pouvoir mettre mon petit grain de sel, décider. Déjà, en Espagne, je n'ai pas décidé qu'on aurait un roi, on me l'a imposé !
Toute reproduction interdite sans la mention de Purepeople.com. Propos recueillis par Yohann Turi.