Du haut de ses 19 ans, Alain-Fabien Delon est en train de devenir un homme. Sous le feu des projecteurs depuis le dernier Festival de Cannes où a été présenté l'étrange et sulfureux film, Les Rencontres d'après minuit (en salle depuis le 13 novembre), le nom du fils prodigue du mythique Alain Delon est sur toutes les lèvres. Dans les colonnes de magazines, le jeune brun ténébreux à la gueule d'ange étale son passé, l'héritage, ses soucis comme ses blessures, mais affiche sa maturité.
Alors qu'on lui prêterait une célébrité acquise d'office grâce au statut du père, Alain-Fabien Delon balaye le cliché et se met à nu. Pour Elle, l'acteur va dans les confidences afin de contrer les idées reçues : "Tout le monde crois que, étant le fils d'Alain Delon, j'ai plein de fric qui me tombe dans les mains tous les mois, voire un appart et une bagnole. Mais je n'ai rien de tout ça", lâche-t-il. Sans fard, il dit démarrer "dans la vie avec beaucoup de dettes" et devoir "tout le temps [se] justifier auprès des gens" face à sa pesante ascendance. Alors, le jeune homme bosse dur. "Et même si, souvent, je me sens seul, j'espère que, un jour, on me reconnaîtra ça", confesse-t-il.
Sur sa famille, Alain-Fabien Delon pourrait raconter 1001 anecdotes. Pour celui qui avoue ne pas avoir son bac, s'être "fait virer de presque tous [ses] collèges" en étant jeune, la famille est un nid à secret. Tout démarre bien pourtant. La star, le jeune homme, sa soeur Anouchka - désormais sur scène au côté de son père - et leur mère, l'ancien top model néerlandais Rosalie Van Breemen forment une famille a priori idéale. Alain-Fabien se souvient surtout de "grandes maisons, entre la France, la Hollande et la Suisse avec des parcs et plein de chiens". Puis vient la séparation et "c'est devenu nettement moins drôle". Lorsque sa mère s'affiche en couple avec Alain Afflelou, alors qu'il n'avait que 8 ans, son père le prend entre quatre yeux. "Tiraillé entre les deux camps", le fils affronte le père, bien involontairement. "Ivre de rage", ce dernier lui dit : "Je t'interdis d'aller au mariage de ta mère. Prouve-moi que tu es un homme." Aujourd'hui, Alain Delon et la mère de deux de ses trois enfants affichent des relations apaisées.
Fliqué par son père, et à l'inverse, laissé libre par une mère peu attentionnée, Alain-Fabien vit une adolescence particulière, limite rebelle. Paroxysme de cette descente aux enfers, "cette fête chez [son] père qui a mal tourné" en juin 2011, où une jeune fille a été blessée par une arme à feu. Il en a aujourd'hui conscience : "Je le regrette. Je paie tout ça aujourd'hui", affirme la "persona non grata en Suisse", où s'ouvrira le 20 novembre prochain un procès pour détention illégale d'arme, non-assistance à personne en danger, mise en danger d'autrui. "Mes premiers cachets m'ont servi à rembourser les dégâts et à payer mon avocat", nous informe le jeune homme. De l'autre côté, il dit devoir à sa mère "d'avoir appris à [se] débrouiller seul et à bien me conduire avec les filles".
Désormais acteur, Alain-Fabien Delon commence sa carrière avec un rôle pour le moins controversé. "Le premier jour de tournage, j'ai dû rouler une pelle à un mec (Niels Schneider), et plus tard, lécher les seins d'une fille déglinguée (Kate Moran)", se souvient l'acteur, déstabilisé à Cannes lors de la projection officielle. "J'ai dû mettre les mains sur les yeux de ma fiancée [Léa Lunghini, demi-soeur de la chanteuse Elsa] pendant toutes les scènes un peu chelou : 90% du film. Je ne suis pas certain que je referai un film comme ça", dit le comédien débutant. Néanmoins, ce film l'a conforté dans ses envies : "Aujourd'hui, je n'ai qu'une chose en tête : travailler et décrocher des rôles. Pour être enfin respecté", confesse Alain-Fabien, qui, aujourd'hui, est "toujours jeune, mais un peu moins con". Il s'identifie alors volontiers au morceau Le Chanteur de Daniel Balavoine, avant de finir par une attention particulière à son père fier, dont il essaye pourtant de se détacher, pour l'image, alors que le héros de Plein Soleil est controversé pour ses propos sur le Front national : "Je sais juste une chose : tous ceux qui crachent sur mon père aujourd'hui en feront un jour une icône. Comme Michael Jackson".