Protocole et démesure, les personnages des grandes cours d'Europe y sont accoutumés. Mais la cérémonie à laquelle nombre d'entre eux ont pris part ce mardi 19 mars 2013 place Saint-Pierre au Vatican à l'occasion de la messe d'inauguration du pape François surpassait en ferveur bien des rendez-vous royaux - à l'exception, sans doute, des récents mariages qui ont passionné le monde.
Parmi les dignitaires représentant 132 délégations, dont 31 chefs d'Etat (entre autres, la plupart des présidents des républiques d'Amérique centrale et latine), le prince Albert et la princesse Charlene de Monaco étaient aux avant-postes, témoignant par leur placement proéminent et leur recueillement intense des liens étroits qu'entretient la principauté de Monaco avec l'église catholique. Après avoir salué la renonciation courageuse du pape Benoît XVI quelques semaines seulement après l'avoir rencontré dans l'exercice de son pontificat, Albert et Charlene, au sommet de la dynastie Grimaldi, accueillaient son successeur avec dévotion, prenant religieusement part à la prière commune, deux parmi des millions de fidèles.
Dans les rangs serrés des ouailles - entre 150 et 200 000 - rassemblées au Vatican pour ce temps fort, le couple princier monégasque a notamment pu retrouver, avec un plaisir évident, le prince héritier Felipe d'Espagne et son exquise épouse Letizia, installés à leurs côtés. Les images ne trompent pas : les relations entre les deux couples sont tout à fait chaleureuses. Le prince et la princesse des Asturies avaient fait le déplacement avec le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy.
Près d'eux se trouvaient également le prince héritier Willem-Alexander des Pays-Bas, en uniforme d'apparat (tout comme le prince Felipe, mais a contrario du prince Albert, vêtu d'un costume), qui s'apprête à monter le 30 avril prochain sur le trône néerlandais qu'occupe sa mère la reine Beatrix, et son épouse la princesse Maxima, qui rejoignait Letizia dans une sobriété noire et stricte, aux antipodes de ses habituelles couleurs pétantes. Le couple batave, après sa participation très sportive à la 9e Journée du bénévolat dans son pays, a également conversé plaisamment avec ses homologues ibériques, des amis proches qui avaient notamment été conviés en 2007 aux festivités des 40 ans de Willem-Alexander. Maxima, qui a pu demeurer catholique romaine en dépit de son mariage avec le prince héritier, et Willem-Alexander, protestant qui a renoncé à sa place dans l'ordre de succession au trône britannique en l'épousant, ont aussi échangé avec plaisir avec Christina Kirchner, la sémillante présidente de l'Argentine, pays natal de la princesse (qui jouit de la double nationalité). Mme Kirchner était naturellement très en vue lors de cette messe inaugurale, attendu que le pape François est le premier souverain pontife originaire d'Argentine (le premier en provenance des Amériques, même) : elle a d'ailleurs été le premier chef d'Etat à rencontrer, dès lundi, le jésuite ex-archevêque de Buenos Aires sous le nom de Jorge Borgoglio, au cours d'un déjeuner où ont été soigneusement évitées toutes les questions sensibles, telles que le mariage homosexuel, légal en Argentine depuis juillet 2010 et dont le désormais pape, vu comme une figure de l'opposition par feu l'époux de Mme Kirchner, était un virulent détracteur, ou la situation des Malouines, archipel que se disputent l'Etat argentin et la couronne britannique.
Représentant la Belgique, le roi Albert II et la reine Paola étaient au Vatican tandis que le prince héritier Philippe et la princesse Mathilde se trouvaient en visite officielle en Thaïlande. Le grand-duc Henri et la grande-duchesse Maria Teresa de Luxembourg, et le prince Aloïs de Liechtenstein assistaient également à la cérémonie.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault pour la France, la chancelière Angela Merkel pour l'Allemagne, ou encore le vice-président Joe Biden pour les Etats-Unis faisaient partie du large cortège diplomatique pour des cérémonies auxquelles le patriarche orthodoxe grec de Constantinople Bartholomée Ier, une première historique. Tous les dignitaires ont ensuite été salués un par un par le pape.
Le pape François, recevant le pallium et un anneau papal en argent plutôt qu'en or, a saisi l'opportunité, en ce moment sacré au déroulement solennel et simple, d'appeler les fidèles à "l'humilité" et la "tendresse" envers toute créature de Dieu, plaçant sa propre mission, "un service humble et concret", sous le sceau du "respect de la créature et de l'environnement".