A 84 ans, on ne peut pas dire qu'Albert Uderzo jouisse d'une retraite paisible. Si, dans la saga culte du petit Gaulois dont il façonna les aventures avec René Goscinny - puis seul, après le décès tragique de ce dernier en 1977 -, les péripéties les plus rocambolesques se soldent toujours par un banquet jovial dans la liesse armoricaine, la réalité est beaucoup plus prosaïque.
En l'occurrence, après avoir bataillé en justice avec la maison Dargaud, avec la fille de son regretté partenaire, puis avec sa propre fille Sylvie - un âpre bras de fer très business -, le voilà visé par un redressement fiscal à hauteur de 203 000 euros. "On dirait presque qu'un contrôleur fiscal à Bercy n'aime pas la BD", ironise dans les colonnes du Figaro un avocat sollicité par le quotidien, qui stigmatise des "âneries" liées à un défaut d'harmonisation des textes de loi.
On imagine que le ciel lui est effectivement tombé sur la tête d'Uderzo, primé lundi soir à Paris lors de la première édition des [dBD] Awards, lorsque, le 27 décembre, il a découvert que l'administration fiscale reniait sa paternité eu égard à Astérix... "A 84 ans, le fisc a décidé de me considérer simplement comme l'illustrateur d'Astérix et non son coauteur, et me soumet, rétroactivement jusqu'à janvier 2007, à un redressement de 20% sur l'ensemble déclarées sur les droits provenant de ces 24 albums [cosignés avec Goscinny, NDLR]", explique Albert Uderzo.
Et le dessinateur d'Astérix (dont une nouvelle adaptation événement au grand écran est en chantier) et des Aventures de Tanguy et Laverdure de s'interroger : "Pourquoi une telle injustice ?", demande-t-il en s'insurgeant contre "la brutalité et le manque de respect avec lesquels, cinquante et un ans après la création d'Astrix, le fisc se réveille et me dénie le droit d'être le coauteur de mon cher petit Gaulois. Voilà une déchéance que je n'accepte plus à mon âge !"
Déjà visé dans le passé par trois contrôles fiscaux, Albert Uderzo remarque que ce n'est pas une première dans la profession, citant l'exemple de Jacques Tardi, et annonce sa riposte : "J'ai engagé un avocat spécialiste en droit fiscal et je vais me battre une nouvelle fois !" Par Toutatis et Bélénos réunis !