Aujourdhui, mercredi 12 janvier, Alexandre Jardin publie un nouvel ouvrage baptisé Des gens très bien, édité aux éditions Grasset. Un livre qui secoue de nouveau la famille de l'auteur, tribu qu'il avait déjà égratignée dans Le roman des Jardin, sorti en 2005. Dans cet écrit, il révèle que son grand-père Jean Jardin, surnommé Le Nain Jaune, fut du 20 avril 1942 au 30 octobre 1943 le directeur de cabinet de Pierre Laval, l'une des personnalités les plus importantes de la période du régime de Vichy et principal instigateur de la politique de collaboration d'État avec l'Allemagne nazie.
Interrogé par le magazine Point de vue, l'écrivain - qui accuse notamment son grand-père d'avoir participé à la rafle du Vel'd'Hiv le 16 juillet 1942 - a confié : "La sombre vérité était masquée par les légendes, la gaieté, la fantaisie familiales... On peut commettre l'irréparable en toute bonne conscience, vous savez. J'ai mis vingt-cinq ans à comprendre ce qui se passait vraiment, parce que la culpabilité niée par le Nain Jaune et esquivée par mon père pèse encore sur mes épaules." Le fils de Pascal Jardin, qui se dit "associé au pire" par son nom de famille, réfute plus que tout cet héritage. "Je ne serai pas enterré avec eux, ni avec mon père, ni avec mon grand-père. Je serai enterré avec mes enfants, ma femme. Avec l'avenir. Je ne suis pas obligé d'accepter le passé. On peut essayer de redémarrer son arbre."
Devant les révélations d'Alexandre Jardin, âgé de 44 ans, sa famille est extrêmement en colère. Gabriel Jardin, son oncle, dément les accusations portées par son neveu. Il s'est exprimé ce matin sur la radio Europe 1, au micro de Marc-Olivier Fogiel, en compagnie de Stéphane, cousin d'Alexandre.
"Ce livre est totalement inadmissible dans la mesure où il part d'un postulat que je n'admets pas, qui est un postulat de culpabilité a priori", a lancé le fils de Jean, décédé en 1976. A propos de l'argument selon lequel l'auteur a voulu, en sortant l'ouvrage, se libérer du poids de "son ADN", il a lancé : "Je ne crois pas à cette notion de démarche personnelle. Je crois que c'est malheureusement avant tout du commerce. Désolé d'avoir une opinion aussi tranchée et aussi dure. Mais je crois que c'est avant tout, et avec beaucoup de cynisme, du commerce, avec l'idée de faire parler de soi. Alexandre aime qu'on parle de lui, et peut-être qu'il digère mal le fait d'avoir été célèbre avec facilité et de ne plus forcément l'être sur la durée."
"Alexandre avait 11 ans quand Jean Jardin est mort et vous pensez bien que ce n'était pas au coeur de ses préoccupations à cet âge-là. Il n'a jamais pu en parler avec lui, il l'a vu quatre ou cinq fois dans sa vie. Il se trompe même quand il parle des cigarettes qu'il fumait, du tableau qu'il y avait dans le salon ou l'endroit où se trouvait son bureau. C'est à tous les points de vue faux historiquement", a déclaré Stéphane.
Il faut croire que l'auteur du Zèbre ou de Quinze ans après aime jeter des pavés dans la mare. Le Roman des Jardin avait déjà provoqué de vives réactions au sein de sa famille, au point que certains membres avaient depuis, coupé tout contact avec lui. "Famille, je vous hais" est donc le credo d'écrivain d'Alexandre Jardin... surtout quand ça rapporte !
Découvrez l'interview d'Europe 1, menée par Marc-Olivier Fogiel, en intégralité ci-dessus.