Carnet noir pour le monde du cinéma : André Wilms nous a quittés ce mercredi 9 février à l'âge de 74 ans selon son agent à l'AFP. Si la raison de son décès n'a pas encore été communiquée pour le moment, impossible d'oublier ce comédien très prolifique dans certains de ses rôles marquants, notamment celui de Jean Le Quesnoy, le père de la famille bourgeoise dans La Vie est un long fleuve tranquille, d'Etienne Chatilliez.
Les deux hommes avaient en effet beaucoup collaboré ensemble. Après cette performance remarquée dans un film devenu culte, il avait participé à plusieurs grands succès du réalisateur comme Tanguy ou encore Tatie Danielle, deux films dans lesquels il tient le petit rôle d'un médecin. Leur dernière oeuvre en commun remonte à 2004, pour le film La Confiance règne.
Mais André Wilms a également été l'acteur fétiche d'autres réalisateurs comme le Finlandais Aki Kaurismäki, devenu l'un de ses amis et sous la direction de qui il a joué quatre fois (La Vie de Bohème, Les Leningrad Cowboys rencontrent Moïse, Juha et Le Havre).
Pour l'anecdote, il avait d'ailleurs appris à parler le finnois pour leur premier film ensemble, alors que celui-ci était muet. Cependant, lorsqu'on l'interrogeait sur la façon de diriger du réalisateur nordique, André Wilms ressortait une phrase très importante : "Play like an old gentleman et ne cours pas".
Très prolifique, l'acteur avait joué avec de nombreux réalisateurs dont les plus prestigieux. Jean-Jacques Beineix, Patrice Leconte,François Ozon, Mathieu Demy ou encore Valeria Bruni-Tedeschi, tous lui ont offert un rôle dans certains de leurs films. Claude Chabrol, également, l'avait fait tourner dans son film L'Enfer, sorti en 1994 avec François Cluzet et Emmanuelle Béart.
Son dernier film, Irradiés, est sorti en 2020 et avait été présenté à la Berlinale. Cependant, André Wilms était également (et surtout) une grande personnalité de théâtre, comédien brillant et metteur en scène inspiré. Dans sa carrière, il a participé à plus d'une trentaine de pièces, jouées dans la France entière. Très touché par les oeuvres du dramaturge allemand Heiner Müller, il est l'un de ceux qui l'ont fait connaître en France, en montant certaines de ses pièces.
Il se revendiquait d'ailleurs proche de l'Allemagne et de sa culture, disant de lui-même dans Télérama : "Je suis trop trash pour les Français. Je conviens mieux aux Allemands". Amateur de spectacles de musique contemporaine et d'un théâtre précis et classique, il était autodidacte, un atout pour lui "qui permet d'apprendre trois fois plus de choses, en besogneux".
Plutôt discret sur sa vie privée, on sait toutefois qu'il est le père de Mathieu Bauer, lui aussi comédien, metteur en scène et directeur de théâtre.